Renault se lancera en Chine avec des crossovers inédits
par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Renault lancera ses premières voitures produites en Chine sur un segment dont il est peu coutumier, celui des grands crossovers et 4x4, espérant ainsi trouver rapidement sa place et faire oublier son arrivée tardive sur le premier marché automobile mondial.
Le constructeur français a signé officiellement lundi la création de sa coentreprise avec le chinois Dongfeng, pour laquelle il a obtenu le feu vert des autorités chinoises au début du mois.
Il produira des Renault en Chine, à Wuhan, à partir de 2016, avec une capacité initiale de 150.000 véhicules par an qu'il espère doubler par la suite. La licence de production qu'il a obtenue porte dans un premier temps sur des véhicules de type crossover, un croisement entre une berline et un 4x4, plutôt de grande taille.
"Ce sont des produits qui n'existent pas à ce jour dans la gamme Renault", a expliqué Gilles Normand, directeur des opérations pour la région Asie-Pacifique, au cours d'une téléconférence. "Nous pensons que cela va nous permettre de faire monter la notoriété de la marque, qui aujourd'hui n'est pas très grande en Chine."
Contrairement à l'Europe, où la marque au losange incarne historiquement des voitures abordables et familiales à travers les familles Twingo, Renault ou Scenic, Renault est surtout connu en Chine pour ses succès en Formule Un. Fort de cette image plus sportive, il espère trouver sa place sur un segment à forte croissance où il ne sera pas en concurrence frontale avec les généralistes chinois et étrangers, établis depuis plusieurs années.
En vertu d'un partage géographique avec son partenaire japonais, Renault a jusqu'ici laissé la Chine à Nissan. Il espère maintenant profiter à son tour d'un marché dont la croissance devrait se situer autour de 8% au cours des prochaines années.
Sa présence sur place s'est jusqu'ici limitée à l'importation du 4x4 Koleos depuis la Corée. Les nouveaux véhicules de Renault destinés à la Chine seront développés dans un premier temps en France et en Corée, avant la montée en puissance d'un nouveau centre de R&D du groupe en Chine.
La production du 4x4 low cost Duster, véhicule Renault le plus vendu au monde, n'est en revanche pas prévue pour l'heure car la nouvelle offre du groupe en Chine sera de plus grand gabarit et plus haut de gamme.
Interrogé par ailleurs sur les retombées éventuelles des discussions sur une entrée de Dongfeng au capital de PSA Peugeot Citroën, Gilles Normand s'est déclaré "tout à fait serein".
"Dongfeng est une entreprise qui gère beaucoup de JV (...) et l'expérience montre qu'il y a une véritable étanchéité entre les marques, ce n'est pas un discours, c'est vrai, c'est prouvé."
Renault espère capter dans un premier temps 1% d'un marché chinois d'une vingtaine de millions d'unités par an. A plus long terme, s'il reproduit en Chine sa part de marché mondiale actuelle de plus de 3% - ce qui représenterait environ 500.000 unités par an - de nouvelles capacités de production seront requises, a-t-il précisé.
Gilles Guillaume, édité par Jean-Michel Bélot