Renault portera plainte après 11 millions d'euros de dépenses suspectes attribuées à Carlos Ghosn
[ACTUALISÉ] Les soupçons de Renault à l'égard de Carlos Ghosn se renforcent. Le 4 juin, le groupe français a épinglé 11 millions d'euros de dépenses suspectes engagées par l'ancien PDG. Le conseil d'administration recommande des actions en justice aux Pays-Bas et souhaite être dédommagé. Le 5 juin, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a affirmé qu'une plainte serait déposée par le constructeur automobile.
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\ 19h31
Mis à jour 05 Juin 2019
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05 juin 2019
Actualisation du mercredi 5 juin : Mercredi 5 juin, sur le plateau de BFMTV/RMC, le ministre de l'Économie et des Finances a réagi aux 11 millions d'euros de dépenses suspectes attribuées par Renault à Carlos Ghosn. "L'État déposera tous ces éléments à la justice et il y aura une plainte. Elle sera instruite et la justice tranchera", a promis Bruno Le Maire. Le ministre a précisé que la plainte serait déposée par le groupe automobile. "Quand l'État est actionnaire de référence d'une entreprise, comme dans Renault où nous avons 15%, son rôle est de s'assurer que sa gouvernance fonctionne bien", a-t-il ajouté. Le ministre a également évoqué le projet de fusion entre l'entreprise française et Fiat-Chrysler (FCA).
Le volet français de l'affaire Carlos Ghosn s'aggrave. Mardi 4 juin, le conseil d'administration de Renault a préconisé des actions en justice aux Pays-Bas au sujet de dépenses jugées non conformes de RNBV, l'entité néerlandaise de l'alliance Renault-Nissan dirigée à l'époque par l'homme d'affaires. Ce dernier est toujours soumis à un strict contrôle au Japon, où il est soupçonné de malversations financières et d'abus de confiance.
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Renault veut être dédommagé
"Les conclusions de la mission d'audit conjoint ont [...] confirmé les questionnements que suscitent un certain nombre de dépenses engagées par RNBV pour un montant total de l'ordre de 11 millions d’euros", a annoncé le conseil dans un communiqué.
"Sur la base de ces constats, le Conseil d'administration a décidé [...] de demander aux représentants de Renault de se rapprocher de leurs homologues de Nissan dans les instances de gouvernance de RNBV en vue de la mise en œuvre des actions judiciaires disponibles aux Pays-Bas."
Le montant de 11 millions d'euros couvre les surcoûts de déplacements en avion de l'ancien homme fort de l'alliance, certaines dépenses qu'il a engagées et des dons ayant bénéficié à des organismes à but non lucratif. Sur ce dernier point, le conseil d'administration recommande la recherche "des moyens d'être dédommagé par M. Ghosn".
Plusieurs soupçons en France
Jusqu'à présent, la majorité des accusations contre Carlos Ghosn émanait de Nissan. Depuis sa première arrestation en novembre 2018, l'ancien patron de Renault n'a jamais pu quitter le Japon. Au fil des semaines, des soupçons ont également émergé côté français. La justice française se penche sur la fête de Carlos Ghosn à Versailles (Yvelines), dossier marginal mais symbolique du mode de vie du magnat automobile. En mars 2019, le constructeur français avait également alerté la justice française sur des flux suspects vers Oman qui atteindraient plusieurs millions d'euros.
Mardi 4 juin, le magazine Marianne a également rapporté l'ouverture d'une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) ?sur l'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer. Les deux anciens consultants de l'alliance Renault-Nissan étaient visés par une plainte d'une actionnaire pour "abus de biens sociaux et corruption".
Avec Reuters (Gilles Guillaume, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)