Réhabiliter l'image du secteur des plastifiants et du PVC
Le Conseil européen des plastifiants et des intermédiaires a organisé à Bruxelles une conférence sur les plastifiants et les phtalates. L'occasion de faire le point sur les derniers développements sur ce thème, et de présenter une initiative de l'industrie européenne du PVC.
Gaines de câbles électriques, raccords d'évacuation d'eau, films pour vitrages, etc. Le polychlorure de vinyle (PVC) est utilisé pour de nombreuses applications dans l'industrie. Cette résine présente l'avantage d'être modelable à souhait pour obtenir différentes propriétés de résistance (mécaniques, électrique, chimique, thermique). Pour certaines applications, il est nécessaire de modifier les propriétés du PVC et de le rendre plus flexible via l'intégration de plastifiants. C'est pour faire le point sur ces produits que le Conseil européen des plastifiants et des intermédiaires (ECPI) a tenu, fin septembre, une conférence à Bruxelles (Belgique). L'occasion notamment de montrer les vertus de ces substances, en particulier les phtalates, et d'évoquer les démarches entreprises par l'industrie européenne du PVC.
En règle générale, les plastifiants sont des esters capables d'interagir avec les chaînes de PVC par liaisons de Van der Waals. Le PVC obtenu peut présenter plus ou moins de propriétés de flexibilité, selon la quantité de plastifiant incluse et le procédé de synthèse. « Le PVC peut être obtenu par deux types de procédé : la voie sèche et la voie humide. Le choix du procédé doit s'effectuer en fonction des applications finales visées : la voie sèche permettra d'obtenir des granulés ou des poudres davantage destinés aux usages du PVC sous sa forme rigide, tandis que la voie humide résultera en l'obtention d'une pâte, plus adaptée aux utilisations sous forme flexible », explique Didier Naert, conseiller technique d'ECPI. En outre, les plastifiants d'une même famille ne se valent pas : il existe des plastifiants de haut poids moléculaire et ceux de bas poids moléculaire. Certains d'entre eux, comme les phtalates, sont soupçonnés de présenter des risques sanitaires. « Il ne faut pas mettre tous les phtalates dans le même panier. Les phtalates de haut poids moléculaire présents dans certains polymères ne peuvent migrer et être relargués dans l'environnement », indique Maggie Saykali, Advocacy manager du cluster Pétrochimie au Cefic.
VOS INDICES
source
612.5 -2.93
Février 2023
Phosphate diammonique (DAP)
$ USD/tonne
163.1 +0.87
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.30 − Peintures Industries
Base 100 en 2015
172.7 -2.15
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Les plastifiants ont un emploi très réglementé
L'emploi de cette famille de substances est strictement réglementé selon les applications industrielles visées. Par exemple, tous les phtalates de bas poids moléculaire (à chaîne courte) sont strictement interdits pour le secteur cosmétique, des jouets et des produits destinés aux enfants. Une réglementation qui évolue, puisque récemment, l'Agence européenne des produits chimiques (Echa) a réévalué les restrictions sur les phtalates de haut poids moléculaire (à chaîne longue) pour l'emploi dans des articles pour l'enfant et les jouets, qui sont susceptibles d'être mis dans la bouche.
Outre les obligations réglementaires, l'industrie européenne du PVC, grande consommatrice de plastifiants, a engagé des actions volontaristes pour réduire l'impact environnemental des produits, comme par exemple le programme VinylPlus. « VinylPlus vise à diminuer l'impact des produits intégrant du PVC sur la période 2011-2020. Par exemple, nous nous sommes fixé un objectif de recycler 30 % de PVC usagé d'ici à 2020 », précise Brigitte Dero, directrice adjointe de VinylPlus. Cette démarche s'articule autour de cinq engagements : améliorer le recyclage du PVC, contrôler les émissions d'organochlorés dans la nature, l'utilisation durable des additifs, la réduction de la consommation énergétique et de matière première et enfin la promotion du développement durable sur toute la chaîne de valeur du PVC. Mais certains industriels du secteur n'ont pas attendu pour procéder au recyclage du PVC. En effet, la société SolVin (coentreprise entre Solvay et BASF spécialisée dans les vinyliques) a constitué en 2002 une coentreprise avec le Français Serge Ferrari. Dénommée Vinyloop Ferrara, cette joint-venture s'appuie sur un procédé innovant lui permettant de recycler les gaines de câbles et les composites intégrant du PVC. Elle traite le PVC usagé, afin de le réutiliser sous formes de nouvelles gaines de câbles et de bâches diverses. « Il existe deux principaux approvisionnements en PVC pour le procédé Vinyloop : post-production industrielle (rebus ou chutes de production) ou post-consommation », explique Jean-Pol Verlaine, responsable technique chez SolVin. Habituellement, le PVC peut être valorisé de différentes manières : par recyclage chimique (pyrolyse, gazéification), par valorisation énergétique et par recyclage mécanique. C'est sur cette dernière option que repose Vinyloop. Le procédé s'appuie sur une étape de dissolution du PVC dans un mélange de solvants. Le tout subit ensuite une étape de filtration et précipitation afin de récupérer les solvants. Le PVC précipité est ensuite séché et tamisé pour être prêt à sa deuxième vie. « Quand le PVC est recyclé, il encapsule ses additifs. Par conséquent, le matériau recyclé est très souvent utilisé pour des applications similaires à sa première utilisation », détaille Jean-Pol Verlaine. Avant de continuer : « Nous avons arbitrairement fixé que le PVC pouvait subir le procédé de recyclage jusqu'à sept fois, mais théoriquement il est possible de le recycler à l'infini ». Actuellement, Vinyloop permet de produire environ 10 000 tonnes par an de PVC recyclé. Sachant que l'objectif fixé par le programme VinylPlus est de procéder au recyclage de 800 000 tonnes par an, il reste indéniablement du travail à effectuer.
L'industrie des plastifiants et de leurs utilisateurs (comme celle du PVC) se mobilise donc depuis plusieurs années pour rendre leur production moins délétère pour l'environnement et la santé. L'ECPI estime qu'il est important de souligner que les risques liés à l'utilisation sont « circonscrits et maîtrisés ». En outre, la filière mène actuellement des recherches afin de trouver des substituts aux molécules classées à risques par Reach.
LE BIOSOURCÉ S'INVITE DANS LES PLASTIFIANTSFace à l'intérêt croissant pour les problématiques de développement durable, certains industriels ont pris l'initiative de concevoir des plastifiants d'origine biosourcée pour la fabrication de PVC flexible. C'est le cas de la société Roquette avec son plastifiant 100 % biosourcé Polysorb ID37. Il s'agit d'un diester, produit à partir d'acides gras d'origine végétale et d'un dérivé du sorbitol : l'isorbide. Il est obtenu, par un procédé d'hydrogénation de fractions de sirops de glucose riche en maltose et d'une hydrolyse acide des oligo- et polysaccharides. Cette innovation a d'ailleurs remporté le prix Pierre Potier « Chimie pour un développement durable » en 2009. En 2011, le Polysorb ID37 a été enregistré suivant les exigences de la réglementation Reach, permettant une production de plus de 1 000 tonnes.
LES PLASTIFIANTS EN QUELQUES CHIFFRES- 96 % des plastifiants sont utilisés pour la production de PVC souple - 4 % des plastifiants sont employés pour des applications dites sensibles (médical, emballage alimentaire, jouets, etc.) - 87 % du marché global est représenté par les phtalates