Réforme fiscale : les patrons veulent de la stabilité
Matignon a lancé ce lundi 25 novembre au matin le chantier périlleux de la remise à plat de la fiscalité. En matière d’impôt, les chefs d’entreprises réclament avant tout de la stabilité.
Jean-Marc Ayrault rencontre aujourd’hui les partenaires sociaux pour lancer la concertation autour de la réforme de la fiscalité. Le chantier est gigantesque et les premières mesures devraient être prises au plus tôt à l’automne 2014. L’Usine Nouvelle a interrogé des industriels pour savoir ce qu’ils en attendent. Les entreprises ne manquent pas de récriminations à l’égard du système fiscal français, jugé "injuste", "complexe" et "illisible.
Jean-François Marraud, président de la société d’ingénierie informatique Omnitech et de la commission fiscale du Comité Richelieu
"Nous avons des prélèvements obligatoires élevés et derrière des crédits d’impôts pour rester à flot. Cela rend l’impôt illisible. Il faut simplifier au maximum. Prélevons moins et redistribuons moins. En Allemagne, le crédit d’impôt recherche est certes inférieur au CIR (crédit d'impôt recherche, ndlr) français, mais la fiscalité d’ensemble est bien plus basse".
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Pierre Liautaud, vice-président exécutif Europe du gRoupe Kone (ascenceur)
"On peut s’adapter à tout mais pas si cela change tout le temps. En 2012, nous avons eu trois changements de taux de TVA. A chaque fois, il faut remettre à jour les systèmes informatiques. Le plus concret pour les entreprises, c’est de stabiliser la fiscalité. Depuis cinq ans, la France fait aussi exactement l’inverse du reste de l’Europe : elle augmente l’impôt sur les sociétés quand tous les autres la baissent. Même les bonnes mesures comme le CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi, ndlr) réussissent à être noyées dans la complexité administrative."
Christian Moretti, pdg de PCAS (chimie)
"Il ne faut pas de fiscalité mouvante. Nous avons déjà été approchés par des partenaires potentiels qui ont préféré in fine investir en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Ils ne comprenaient pas le cadre fiscal français. Simplifiez la fiscalité, ne la changez pas constamment. Depuis 30 ans, on s’évertue à complexifier le système. Je ne pense pas qu’on a besoin de 3700 pages de code général des impôts. La fiscalité est difficile à manier au quotidien. Cela fait le bonheur des fiscalistes mais ce n’est pas gérable."
John Persenda, pdg de Sphère (emballage)
"En France, le système fiscal a des aspects positifs : le dispositif d’amortissement accéléré est favorable à la croissance interne. Mais les entreprises qui optent pour de la croissance externe sont pénalisées quand on compare leur niveau de fiscalité à celle de nos concurrents allemands ou britanniques. Or la croissance des groupes allemands à l’étranger se fait aussi beaucoup par croissance externe. Une assiette plus large, mais avec un taux d’impôt sur les sociétés plus bas pourrait être peut-être la solution. Les charges sociales sont un autre problème. Je voulais rapatrier en France un laboratoire de R&D implanté en Allemagne mais j’ai dû y renoncer. Même en profitant du Crédit d’impôt recherche, les charges étaient supérieures de 7 % en France car les charges sociales sont très vite plafonnées en Allemagne."
Solène Davesne
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Tous les champs sont obligatoires
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