Recyclé : comment accélérer l'incorporation
Les thèmes de la recyclabilité des plastiques et de l’écoconception étaient au menu de la 10e Nocturne Federec.
« C’est une question de survie ! ». Les propos tenus ce 19 mars par Marc Madec, le directeur Développement durable de la Fédération de la plasturgie et des composites, à l’occasion d’une Nocturne Federec consacrée à la recyclabilité des plastiques, soulignent une nouvelle fois la nécessité pour les transformateurs hexagonaux de prendre résolument le virage de l’économie circulaire.
« La profession a besoin de faire sa révolution. Aujourd’hui, pas demain. L’époque est intéressante de ce point de vue. On passe, dans la plasturgie, d’une logique d’innovation pure à une logique où la fin de vie des produits est prise en compte dans les cahiers des charges », commente Sébastien Petithuguenin, le directeur général du groupe Paprec, intervenant avec sa casquette de vice-président du Syndicat national des régénérateurs de matières plastiques (SRP).
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Pour le chef d’entreprise, cependant, les engagements volontaires d’incorporation de plastique recyclé annoncés en juillet 2018 ne pourront s’ancrer dans la réalité et connaître une véritable accélération qu’à condition que la filière soit dotée d’outils économiques spécifiques d’aide à l’investissement.
« Les plasturgistes ne pourront pas mener cette mutation tout seuls. C’est tous les acteurs de la chaine qui doivent agir ensemble. Les transformateurs sont majoritairement de petites structures qui ont, en outre, besoin d’être accompagnées. De nombreuses filières comme celle des films agricoles n’auraient pas vu le jour sans les subventions de l’Ademe. Nous en appelons au gouvernement et à l’Europe pour lancer un grand plan d’investissement », appuie Marc Madec qui promet, par ailleurs, la mise en place, « dans les mois qui viennent » d’un outil permettant aux industriels de rendre compte des taux d’incorporation de recyclé dans leurs produits et de leurs progrès.
Certaines entreprises n’ont cependant pas attendu qu’enfle la pression sociétale. C’est le cas du fabricant de détergent Werner & Mertz France, dont les produits sont connus sous la marque Rainett. Sa responsable Marketing, Joséphine Copigneaux, était invitée par la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage à livrer son témoignage. « Nous nous intéressons aux emballages de nos produits depuis une dizaine d’années et menons une vraie démarche d’écoconception, dans une logique « cradle to cradle » (du berceau au berceau, NDLR), depuis 6 ans. Nous atteignons aujourd’hui un taux d’incorporation de plus de 99 % pour le PET et commençons à travailler sur des bouchons en PP recyclé. Notre défi désormais est d’augmenter les taux pour nos bouteilles en PEHD destinées aux professionnels, le principal frein étant le manque de gisement. Tout cela demande des investissements conséquents, mais nous considérons qu’il en est de notre responsabilité de montrer la voie », conclut-elle.