Recyclage : l’IFP Energies nouvelles commercialisera en 2023 sa techno de dépolymérisation du PET
À l’occasion d’un point presse, le 20 novembre, l’IFP Energies nouvelles a présenté ses avancées dans le domaine du recyclage et de la dépolymérisation du polyéthylène téréphtalate (PET). Sa technologie basée sur la glycolyse fera bientôt ses preuves à l’échelle industrielle et devrait être commercialisée mondialement à partir de 2023.
Il faudra patienter encore un peu avant de voir arriver sur le marché la technologie de dépolymérisation du polyéthylène téréphtalate (PET) mis au point par IFP Energies nouvelles (IFPEN). A l’occasion d’un échange avec la presse le 20 novembre, Jean-Christophe Viguié, responsable du programme « recyclage des plastiques », a indiqué que ce procédé basé sur la glycolyse du PET pourrait être commercialisé à partir de 2023. D’ici là, il fera ses preuves à l’échelle industrielle avec un démonstrateur de 2000 tonnes / an qui sera créé conjointement par l’IFPEN, sa filiale Axens et l’entreprise japonaise Jeplan. L’unité, située au Japon, sera opérationnelle en 2022.
« Nous avons signé un accord de développement avec la société Jeplan, car celle-ci a déjà travaillé sur le procédé de glycolyse du PET », explique Frédéric Favre, ingénieur de recherche à l’IFPEN et spécialiste de la dépolymérisation du PET « La société japonaise dispose déjà d’infrastructures de taille industrielle, sur lesquelles nous allons pouvoir nous appuyer. Cela va nous faire gagner beaucoup de temps de développement et de mise au point »
Retour au monomère
La dépolymérisation par glycolyse est considérée par l’IFPEN comme l’une des technologies les plus matures pour aboutir à un recyclage rapide du PET, un plastique très répandu dans la fabrication de bouteilles, de flacons ou encore de fibres textiles. Le procédé, baptisé Rewind PET, permet de casser les chaînes polymères en ajoutant un alcool, l’éthylène glycol. Le produit obtenu est un monomère, le BHET (Bis (2-HydroxyEthyl)Téréphtalate), qui peut être directement polymérisé pour refaire à nouveau du PET.
Cette dépolymérisation est associée à des étapes de purification spécifiques conçues par l’IFPEN afin d’éliminer les composés organiques et inorganiques – comme les additifs - qui peuvent être présents dans les plastiques.
« C’est la présence de ces additifs qui pose un réel problème aux techniques de recyclages actuels, dits mécaniques », pointe Alexandra Chaumonnot, également ingénieur recherche à l’IFPEN « Il s'agit le plus souvent de pigments destinés à colorer les bouteilles et les flacons. Certaines substances apportent également des propriétés aux plastiques. Ces additifs se mélangent lors du recyclage mécanique pour aboutir à des plastiques de couleur grise, impossible à recolorer, et non aptes au contact alimentaire. »
Dans la plupart des cas, ces polymères ne peuvent pas être réutilisés dans leur usage d'origine, ne permettant pas un recyclage en boucle fermée.
L’enjeu de l’économie circulaire
Or avec une pression réglementaire de plus en plus forte, tant au niveau européen que français, avec le double objectif à l’horizon 2025 d’incorporer 10 millions de tonnes de matières plastiques recyclées (MPR) dans les produits neufs ainsi que de tendre vers 100 % des matières plastiques recyclées, la qualité des MPR est désormais un enjeu important pour accroître leur utilisation.
Pour compléter le recyclage mécanique, qui « peut très bien fonctionner dans lorsque l’on traite de gisements de déchets bien définis », selon Frédéric Favre, le recyclage chimique se développe pour apporter de nouvelles solutions pour traiter différents types de déchets.
Plusieurs procédés complémentaires
Outre la dépolymérisation, l’IFPEN travaille également sur d’autres procédés de recyclage chimique, pouvant être appliqués à d’autres polymères : les technologies de dissolution, qui permettent de récupérer directement les chaînes polymères purifiées des additifs, et celles de conversion, aboutissant à des huiles d’hydrocarbures pouvant être réutilisées en tant que matières premières, sont également explorées par l’institut.
« Toutes ces techniques coexisteront à terme car chacune permet de répondre à des besoins spécifiques en fonction du type de polymères », appuie Jean-Christophe Viguié « La pyrolyse est un procédé de conversion qui a le vent en poupe en ce moment chez les industriels. Mais s’il est adapté au traitement des polymères de type polyoléfines (polyéthylène, polypropylène), il n’apporte pas de bons résultats avec d’autres plastiques ».
Vers des coûts maîtrisés
L’un des objectifs du démonstrateur de Rewind PET sera également de montrer que cette technologie permettra de produire un PET au même prix, ou « légèrement supérieur », par rapport au plastique issu du recyclage mécanique. « Aujourd’hui, le PET provenant du recyclage mécanique se situe autour de 1400 euros / tonne. Nous visons le même prix pour le PET qui sera repolymérisé avec du BHET issu de notre technologie », indique Frédéric Favre.
Bien que le développement de la phase industrielle se poursuive au Japon, l’IFPEN compte faire du déploiement en France et en Europe une priorité. « Nous avons déjà été approchés par des polyméristes et des utilisateurs finaux de l’Hexagone, qui sont intéressés par notre procédé », assure Frédéric Favre.
SUR LE MÊME SUJET
Recyclage : l’IFP Energies nouvelles commercialisera en 2023 sa techno de dépolymérisation du PET
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir