Reborn désencre les films imprimés en polyéthylène
Le fabricant et recycleur d’emballages souples en plastique a investi 3 millions d’euros dans son usine pyrénéenne pour produire de la matière secondaire de qualité. -
Dans le recyclage des films en polyéthylène (PE), de fardelage notamment, les encres d’impression constituent l’un des principaux écueils pour l’obtention de matières secondaires de qualité, incolores, voire transparentes. D’une épaisseur de 2 à 3 µm sur des substrats de 30 à 100 µm, elles peuvent modifier sensiblement le potentiel de recyclabilité de ces derniers. Une boucle fermée, débouchant sur la production de nouveaux produits identiques, ne peut ainsi être créée. Des technologies ont bien été développées ces dernières années, tel le procédé Newcycling d’APK et Siegwerk, mais elles restent encore souvent à l’état de pilote. C’est pourquoi les films de regroupement, quand ils sont traités mécaniquement, deviennent des sacs de caisse ou des sacs-poubelle, à usage unique, pour l’essentiel.
4 000 tonnes de films imprimés par an
En France, le groupe Reborn (ex-ExcelRise), actif à la fois dans la fabrication et le recyclage de films PE, lève ce frein avec la ligne de désencrage B.Clear qu’il vient d’installer dans son usine d’Ogeu-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques). « Si, à notre connaissance, deux projets, un peu différents, existent en Grande-Bretagne et en Italie, c’est assurément une première dans l’Hexagone », nous confie Matthieu Abiteboul, le directeur général de Reborn. Après cinq années de recherche et développement avec des scientifiques européens, et un partenariat avec l’espagnol Cadel Deinking et un portugais dont il préfère taire le nom, Reborn a ainsi investi 3 millions d’euros dans cet équipement. « Il permettra de recycler 4 000 tonnes de films PE imprimés par an, de produire une matière secondaire à haute valeur ajoutée, pour nos propres besoins, mais aussi pour d’autres transformateurs, ainsi que d’augmenter la collecte de déchets postconsommation et industriels et commerciaux de 30% », se réjouit le dirigeant.
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Transparence de contact
Les films, soit en balles, soit en bobines lorsqu'ils proviennent de rebuts de production, passent d'abord par un broyeur pour obtenir des fragments de 1 cm² environ. Ceux-ci sont ensuite acheminés vers deux cuves contenant des réactifs qui favorisent le décrochage de l'encre en quelques minutes puis rincés dans de l'eau purifiée. Après la première phase de désencrage, ils sont essorés dans une centrifugeuse pour éviter que des impuretés se redéposent, tandis qu'après la seconde, ils subissent un séchage thermique pour éliminer les résidus aqueux. « On obtient une transparence de contact », précise Matthieu Abiteboul, qui souligne l'importance des contrôles réalisés pour « automatiser la suppression de centaines de millions de particules d'encre ». Une opération de friction et d'agitation permet enfin de déployer le broyat au maximum. Le processus se termine de manière plus conventionnelle : les fragments sont extrudés pour être finalement regranulés. En parallèle, l'eau est filtrée en continu, les boues d'encre étant envoyées dans une filière de traitement. Le fonctionnement de la ligne, en 5 x 8, nécessite dix opérateurs, sous la conduite d'un chef d'atelier.
Des fragments de film imprimé aux granulés de PE recyclé.
Huit lignes d'ici à 2025
Le groupe planifiant l’implantation de deux autres lignes à Ogeu, de trois à Bernay (Eure) – le site accueillera la deuxième installation en 2022 – et de deux à Montbrison (Loire) d’ici à 2025, il pourra atteindre ses objectifs de capacité de recyclage de 35 à 40 000 tonnes de film et de production de 80% de film plastique « premium » issu de matière recyclée. « Ogeu couvrira le sud-ouest de la France et une partie de l’Espagne, Bernay, l’Ouest et le Nord, et Montbrison, le quart Sud-Est, l’Italie, l’Allemagne et la Suisse », indique Matthieu Abiteboul. Cette montée en puissance s'accompagnera du recrutement de quelque 160 personnes sur cinq ans dans l'ensemble des unités.
Reborn affiche un chiffre d'affaires de 120 millions d'euros, dont 55% à l'export, et emploie 350 salariés dans cinq sites de production.
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