RBS crée une "bad bank" pour cantonner ses actifs risqués
par Matt Scuffham et William James
LONDRES (Reuters) - Royal Bank of Scotland créera en interne une structure de défaisance ("bad bank") regroupant 38 milliards de livres (45 milliards d'euros) d'actifs les plus risqués, mesure destinée à détendre ses relations avec Londres et à accélérer sa reprivatisation.
"Je pense que ça rendra plus facile de vendre la banque et de récupérer notre argent", a déclaré le ministre des Finances George Osborne à la BBC, ajoutant que la reprivatisation de la banque n'interviendrait sans doute pas avant les élections prévues en 2015.
La structure, opérationnelle en 2014, sera baptisée Capital Resolution Division. Londres, qui détient 81% de RBS et qui s'est abstenu de réclamer un démantèlement de l'établissement, veut que celui-ci prête davantage aux PME et estime que la nouvelle structure pourra y contribuer.
"Suivant cette nouvelle initiative, RBS règlera définitivement les problèmes du passé en séparant le bon grain de l'ivraie et en plaçant les créances douteuses dans une 'bad bank'", a dit George Osborne.
La banque veut réduire de 55% à 70% la proportion des actifs douteux dans son bilan dans les deux années à venir et espère avoir nettoyé complètement celui-ci dans les trois ans. RBS a également dit qu'elle inscrirait une provision pour dépréciation des créances douteuses supplémentaire de quatre à 4,5 milliards de livres sur le trimestre, une écriture liée à la constitution de la structure de cantonnement.
RBS a précisé aussi que cette restructuration interne libèrerait de 10 à 11 milliards de livres de capital, renforçant ainsi sa capacité à prêter. La banque et Londres ont souligné que la "bad bank" permettrait de tirer un trait sur le passé, le gouvernement ayant en particulier été accusé de s'ingérer dans la gestion de RBS.
"Nous pouvons maintenant aller de l'avant, nous préoccuper de l'avenir et des 90% des actifs qui constituent une banque vraiment bonne et construire une grande banque pour la clientèle et pour le Royaume Uni", a dit le nouveau directeur général Ross McEwan à la presse.
"EXERCICE COSMÉTIQUE"
Les annonces de la banque britannique n'impressionnent guère les investisseurs, en témoigne le recul de 3,9% de l'action, à 353,76 pence, en matinée, tandis que l'indice des bancaires européennes cède 0,18%.
L'un des 10 premiers actionnaires de RBS a dit à Reuters que cette restructuration était un "exercice cosmétique". "La 'bad bank' est interne. Si la 'bad bank' avait été externe cela aurait été très différent", explique l'actionnaire, pour qui cette annonce ne change rien fondamentalement.
La banque a fait par ailleurs état d'un bénéfice d'exploitation de 438 millions de livres contre 909 millions un an auparavant et d'une perte avant impôt de 634 millions contre une perte de 1,368 milliard.
RBS a également dit qu'elle visait un ratio de capital dur de 11% environ d'ici la fin 2015 et de 12% un an plus tard, soit trois points de plus que son ratio actuel.
Elle a signalé qu'elle accélèrerait son désengagement de Citizens, sa banque de détail américaine, par le biais d'une introduction en Bourse partielle prévue pour l'an prochain, la scission elle-même devant être complète d'ici 2016.
RBS a enfin dit qu'elle coopérait avec divers Etats et régulateurs qui enquêtent sur les pratiques de change de plusieurs banques.
McEwan s'est abstenu de tout commentaire sur un article du Financial Times d'après lequel RBS a suspendu deux traders de sa division marché des changes. Mais il a dit que la banque ferait preuve de sévérité envers quiconque aura enfreint les règles.
Wilfrid Exbrayat pour le service français