"Rater un accord commercial Europe / Etats-Unis serait un très mauvais signal", selon Iana Dreyer

L'Usine Nouvelle publie en avant première une étude de l'Institut Montaigne consacrée à la présence des industries françaises en Europe et dans le monde.  Pour son auteur, Iana Dreyer, l’inversion de la balance commerciale de la France passe par son ouverture. La négociation sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis est une "opportunité à saisir" selon l’économiste.

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L'Usine Nouvelle - Quels sont les points faibles de la France identifiés dans votre étude ?

Iana Dreyer - Les exportations en Europe et vers les pays avancés posent problème, moins celles vers les pays émergents. Le tissu économique français a du mal à s’intégrer dans l’économie mondiale, à se fondre dans les chaines de valeurs industrielles régionales et mondiales. La France est aussi pénalisée par les règles du commerce international. Il subsiste de nombreuses barrières, notamment dans le secteur des services en Europe.

Le rapport Gallois et les mesures qui ont suivi vont-ils dans la bonne direction ?

Le rapport Gallois apporte un bon diagnostic. Je crois que l’idée de rendre le territoire France beaucoup plus attractif est la clé. Il s’agit d’attirer les investisseurs, en étant par principe ouvert, et en réalisant des réformes de fond, sur le coût du travail, la clarté et la stabilité de la réglementation. Mais la mise en œuvre est trop lente. La France doit impulser le "choc de simplification" qui libèrerait les PME et oser s’ouvrir davantage.

Quel est l’enjeu de l’accord de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis ?

L’enjeu est d’abord symbolique. La réussite ou l’échec de l’accord transatlantique sera un indicateur de la volonté des deux puissances de réellement aller de l’avant. Rater un accord serait un très mauvais signal. Il s’agit aussi d’avancer sur la consolidation de nombreuses normes du commerce, comme les droits de douane, les standards industriels, les droits de propriété, la protection des investissements… Eliminer totalement les droits de douane qui subsistent dans certaines industries permettrait de fluidifier les échanges. Mais Il existe tout de même des poches de protectionnisme assez importantes des deux côtés : services, marchés publics, agriculture, audiovisuel.

Quelle stratégie de négociation préconisez-vous aux dirigeants français ?

Il faut faire le bilan des forces françaises se projeter en avant en étant prêt à lâcher du lest sur des points sensibles mais qui objectivement sont moins importants sur le plan économique. L’exception culturelle et la politique agricole, par exemple. On peut se demander si, à l’ère d’Internet, les quotas audiovisuels ont du sens. La mondialisation a plutôt favorisé une diversification des expressions plutôt qu’une uniformisation. C’est le moment d’y réfléchir.

Ce message est-il audible alors que des voix s’élèvent pour réclamer un protectionnisme ciblé ?

Les appels au protectionnisme sont un symptôme de crise. Il faut résister à cette tentation. Notre rapport montre que dans un monde de chaines de valeurs, le protectionnisme est de plus en plus coûteux. Le droit de douane ne peut plus faire l’objet d’une politique industrielle : améliorer la compétitivité passe par des politiques d’innovation, de montée en gamme, de qualification des personnels, d’une capacité de sortir par le haut des pressions concurrentielles. Succomber aux sirènes protectionnistes signifierait le début du déclin.

Découvrez l'étude de l'Institut Montaigne

Etude Commerce Exterieur by L'Usine Nouvelle

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