Pour essayer d'enrayer les ruptures de stock, politiques et industriels s'unissent à l'occasion des Assises européennes du vaccin. Une commission de coopération européenne a été créée à l'automne.
Ces dernières années, les ruptures de stock de médicaments ont été nombreuses. Mais les pénuries de vaccins le sont encore plus, avec une durée moyenne de 179 jours contre 40 pour les médicaments. Un problème dont les pouvoirs publics, comme les industriels, ont bien conscience.
"En Europe, on observe des ruptures de stock qui vont croissant. Mais l’Union européenne doit aussi faire face à la multiplication de défauts de vaccins. Ils font diminuer la confiance chez les populations et donc l’efficacité de la couverture vaccinale", déplore Pascal Lorot, le président de l’Institut Choiseul, un think tank spécialisé en économie. Une frustration présente jusque dans les pharmacies de quartier, comme en témoigne Agnès Firmin le Bodo, députée membre de la commission des Affaires sociales et pharmacienne toujours en activité. "2017 a été l’annus horribilis de la rupture de stocks de vaccins. Nous avons fait toute une saison hivernale sans Pneumovax [NDLR : le vaccin contre le pneumocoque]. D’un côté, le gouvernement rend certains vaccins obligatoires. Il faut donc qu’on convainque certains patients. Mais d’un autre côté, comment leur dire de se vacciner quand on n’a pas le produit en stock ?"
Plus de discussions entre les pays...
Pour éviter de passer de futurs hivers aussi compliqués que le dernier, l’Union européenne essaye de trouver des réponses au niveau européen. "Une Joint action on vaccination (JAV) a été lancée par la Commission européenne. Elle doit favoriser la coopération entre les Etats membres", explique Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen à la Santé et à la Sécurité alimentaire. "Nous n’avons pas progressé autant que nous aurions voulu en matière de vaccins. C’est désormais le moment." La France occupera une place centrale dans cette structure, puisque l’initiative sera coordonnée par l’Inserm. En tout 20 pays en seront membres.
"Joint Action on Vaccination" pour relever les défis de la #vaccination en Europe: améliorer les couvertures et répondre à l'hésitation vaccinale @V_Andriukaitis #AssisesVaccin2018 #vaccinesworks @instchoiseul pic.twitter.com/qdkhiOBXv3
— Christele Chave (@ChrisChave) 20 novembre 2018
...et avec les industriels aussi
De leur côté, les industriels invoquent les conditions de production des vaccins, qui s’avèrent particulièrement complexes. Un paramètre que doivent mieux prendre en compte les autorités. "Produire un vaccin peut mettre jusqu’à 36 mois. Et 70% de ce temps est dédié au contrôle qualité du produit. Quand un lot rate, tout le process doit reprendre", explique Géraldine Ménin directrice générale de Sanofi Pasteur Europe. "Face à cette situation, les calendriers ou les schémas de vaccination changent. Le seul moyen pour nous serait d’avoir un meilleur dialogue avec les autorités de santé."
Une autre piste consisterait à diminuer les contrôles liés à la production du produit, sans rogner sur sa qualité. "Quand on met au point une variation d’un vaccin, il faut en moyenne 48 mois pour qu’elle soit validée par les autorités de régulation. Sauf que pour un même produit, il faut souvent plusieurs variations", souligne Michel Stoffel, le vice-président Europe des affaires règlementaires de GSK. "Il faudrait réussir à diminuer le nombre de variations obligatoirement contrôlées sans que cela n’affecte le produit."
#vaccination #grippe : Tous les Professionnels de santé ont un rôle majeur de #prévention et d'information; leur formation sur tous les #vaccins peut être améliorée - Geneviève Chêne @Inserm Joint Action on Vaccination #AssisesVaccin2018 #VaccinesWork pic.twitter.com/e3AmRXXF9e
— Christele Chave (@ChrisChave) 20 novembre 2018
Au-delà des délais imposés par la réglementation, les industriels ne pourraient-ils pas améliorer leur rendement ? Si, en améliorant leurs capacités. "Il faut pouvoir construire de nouvelles lignes de production, avec les investissements que ça implique", selon Géraldine Menin. "Mais même là, entre le moment où on décide d’ouvrir une unité d’usine et le moment où arrive l’autorisation de commencer la production, il se passe en moyenne 8 ou 9 ans. Pour être dans les temps, il faudrait que la décision de construire l’usine se fasse en phase II de développement de la molécule, quand on n’est même pas encore sûr de son efficacité et de son innocuité", pointe Michel Stoffel. Reste à savoir si une meilleure coopération à l'échelle européenne permettra de transférer des stocks d'un pays à l'autre et de réduire les délais.
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