Quand Lecornu mobilise pour le photovoltaïque en France, Total dégaine un plan solaire de 10GW
Invités par Sébastien Lecornu à se mobiliser pour accélérer le déploiement du solaire en France via son initiative Place au Soleil, Total, EDF, Engie, SNCF, l’Armée et toute la grande distribution ont répondu présent. Et les annonces ont fusé.
"On vous avait promis la lune… Place au soleil !" C’est avec ce slogan (et un inattendu message de l'animateur Stéphane Bern) que Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, a lancé son mouvement de mobilisation générale pour accélérer le déploiement de l’énergie solaire en France. Objectif : "faire se rencontrer l’offre et la demande", explique le secrétaire d’État, en identifiant le foncier utilisable pour motiver les investissements. Et il a réussi son coup. Le jeudi 28 juin à 18h30, au ministère de la Transition écologique, le PDG de Total Patrick Pouyané disputait l'engagement en faveur du solaire au PDG d'EDF Jean-Bernard Levy, à la DG d'Engie Isabelle Kocher, à la secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées Geneviève Darrieussecq et à tous les dirigeants de la grande distribution.
Les avoir tous réunis pour parler photovoltaïque dans une même salle "et pas à Bercy mais au ministère de la Transition écologique", minaude Sébastien Lecornu, est déjà un exploit. Mieux, tous ont loué la méthode de concertation des groupes de travail de libération des énergies renouvelables du secrétaire d’État.
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Engie chef de file
"Si nous sommes tous réunis, c’est que nous pensons que le solaire est une énergie d’avenir", a lancé Isabelle Kocher. Rappelant qu’Engie est le premier producteur en France d’énergie solaire avec 900 MW en exploitation, elle a expliqué "prendre très au sérieux" cette technologie et vouloir organiser la filière, sans casser les prix et en investissant dans l’innovation, notamment en matière de stockage. Elle réclame néanmoins une simplification administrative pour ramener à 10 mois l’étude des dossiers. Mais pour elle, les mesures annoncées ne sont "qu’une première étape" et elle attend "avec impatience" la suite, c’est à dire la nouvelle PPE.
EDF aux ordres
Fort de l’annonce d’un plan Solaire de 30 GW entre 2020 et 2035, Jean-Bernard Levy a lui joué le premier de la classe en lançant à Sébastien Lecornu : "Vous pouvez compter sur EDF pour répondre à votre interpellation". Selon lui, pour atteindre l’objectif de ramener à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique, il faut que le solaire représente 20% du mix et donc installer 100 GW de photovoltaïques en France. Or la France n’est qu’à 8GW "contre 43 en Allemagne et 20 GW en Italie", observe le PDG d’EDF. La faute à qui ? EDF n’a jusqu’à maintenant investi dans le solaire quasiment qu’à l’international. "Mais on va construire plus de 100 MW sur notre propre foncier", annonce le PDG d'EDF, qui tient néanmoins à rassurer le ministre sur ses bonnes intentions en matière de transition énergétique en ajoutant "vous pouvez compter sur EDF pour atteindre les objectifs que vous nous fixerez dans la PPE".
Total se mobilise
Mais c’est le PDG de Total, qui a frappé le plus fort. S’accordant avec Jean-Bernard Levy sur la nécessité d’installer 100 GW de solaire en France, Patrick Pouyané a annoncé son objectif d’installer 10 GW d'ici à 10 ans. "C’est moins qu’EDF mais plus vite", a-t-il remarqué. Après avoir déjà installé 600 MW sur ses sites, Total veut solariser toutes ses stations-services mais aussi ses friches industrielles en Normandie, dans les Hauts-de-France et dans le Grand Est.
Rendez-vous dans un an
À côté, les 2000 ha de foncier libérés par l’Armée, les 500 ha identifiés par la SNCF ou l’engouement des dirigeants des enseignes de la grande distribution à couvrir de panneaux solaires les toitures de leurs magasins et leurs parkings, font presque pâle figure. Mais le mouvement est lancé. Les 40 mesures techniques pour libérer l’autoconsommation individuelle ou collective, l’agrivoltaïsme, le solaire dans les zones non connectées et les investissements des grands opérateurs devraient lui permettre de ne pas s’arrêter. Prudent, Sébastien Lecornu préfère quand même donner à tous rendez-vous dans un an, pour faire un bilan.
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