Quand la Marine nationale joue les VRP pour DCNS
Le fabricant de navires militaires a mis gratuitement son nouveau patrouilleur, l’Adroit, à la disposition de la Marine nationale. Depuis deux ans déjà, les équipages testent les innovations embarquées, qualifient le navire pour les opérations en mer et en font la promotion auprès des autres marines.
A Toulon, son port de rattachement, l’Adroit, le nouveau patrouilleur de DCNS est amarré. Ce navire de petit tonnage taillé pour embarquer un équipage de trente marins et remplir des missions de sécurité maritime au large (surveillance de zone, lutte contre la piraterie et le terrorisme, police des pêches, recherche et sauvetage en mer…) est de retour après cinq semaines de mission de surveillance en Méditerranée.
Le navire est exploité intensivement. "Nous passons plus de 200 jours en mer par an contre 100 en moyenne pour ce type de navire. Cela nous a permis d’engranger le maximum d’expérience", explique le commandant Christophe Ponsich-Mitjavile. Depuis deux ans qu’il est mis à disposition de la marine par DCNS, le patrouilleur a sillonné les mers et les océans à un rythme effréné. De janvier à juillet 2013, l’Adroit a effectué son premier grand déploiement opérationnel en Méditerranée orientale, en mer Rouge, en océan Indien, dans le golfe Persique et en Asie. De janvier à avril en océan Indien, il a notamment participé aux opérations Enduring Freedom (lutte contre le terrorisme maritime) et Atalante (lutte contre la piraterie).
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Une vingtaine de marines nationales approchées
Un programme chargé qui a de quoi ravir DCNS ! L’industriel met depuis deux ans son navire à disposition, un partenariat qui n’implique aucune transaction financière. Plus la marine française l’exploite, plus elle a l’occasion de valider les nouveaux concepts technologiques embarqués par ce navire, et plus elle a l’occasion de présenter ce nouveau bâtiment aux marines étrangères qui l’accueillent de port en port. Par exemple, les marins sud-africains ont pu tester intensivement le navire en septembre 2012.
Au total, DCNS estime que près d’une vingtaine de marines ont pu être approchées et découvrir le navire. "Les marines ne veulent plus des navires sur plan ou des prototypes. Elles veulent des bateaux directement qualifiés pour la mer", explique Michel Perchoc, responsable marketing opérationnel chez DCNS. Le label "Sea Proven", ou qualifié pour les opérations en mer, de la marine nationale française, est un atout commercial considérable sur le marché très concurrentiel des navires de petit tonnage et sur lequel DCNS entend se développer. Le parallèle pourrait être fait avec le Rafale. Après les conflits en Afghanistan et en Lybie où l’avion français a fait les preuves de son efficacité au combat, les négociations commerciales se sont accélérées pour Dassault Aviation.
Un drone embarqué
Dans ce partenariat innovant, la Marine française y trouve son compte. "C’est l’occasion de tester des innovations apportées par DCNS que nous n’avions pas exigées en tant que client", explique le commandant de l’Adroit. Le patrouilleur est en effet bourré d’innovations : un mât unique intégrant de multiples capteurs (radars, optronique…), un drone hélicoptère, une salle d’opération avec une vision à 360°… L’Adroit est ainsi le premier navire français à embarquer nativement un drone. "C’est rapide et simple à déployer", se félicite le commandant de bord. L’équipage apprécie le nouveau concept de largage des embarcations rapides par l’arrière plutôt que par les côtés comme cela se fait habituellement. "Nous gagnons deux fois de temps et c’est plus discret", explique un marin. Pour DCNS, les critiques sont également bonnes à prendre en vue d’améliorer une prochaine version du navire.
Pour l’industriel, l’enjeu est important. L’entreprise a développé ce patrouilleur sur ses fonds propres, soit environ 30 millions d’euros. Une exception dans le secteur de la défense où la règle est de développer après une commande des armées. Si aujourd’hui, plusieurs négociations commerciales sont engagées avec des marines étrangères, l’essai n’a pas encore été transformé.
A Toulon, Hassan Meddah
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