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Investissements industriels
Quand la lumière vaut de l'or
Investissements industriels
Traque aux prix bas sur le photovoltaïque
Energie - pétrole
L'Espagne imagine le solaire thermique du futur
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"Les Etats-Unis sont un géant endormi"
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Trois moyens de faire baisser le coût des cellules
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Pékin joue la carte verte. L'été prochain, l'eau du village olympique sera chauffée par le soleil, dans 4 400 mètres de capteurs thermiques à tubes. Surprise ! Le fournisseur n'est pas un groupe chinois, mais un italien, MTS, l'une des nombreuses sociétés européennes adepte de l'héliotropisme.
Quand, en mars, Bruxelles a annoncé que 20 % de l'énergie consommée en Europe devrait être d'origine renouvelable, le mouvement vers le solaire, photovoltaïque ou thermique, était déjà amorcé. Et pour une fois, la croissance ne vient pas du nord de l'Europe, ensoleillement oblige ! « Dans le photovoltaïque, 90 % des installations sont en Allemagne. Mais le prochain pays à s'équiper sera l'Espagne, qui mène une politique très volontariste. Dans d'autres pays, le potentiel est là, en France, en Italie, en Grèce... La croissance devrait osciller entre 20 et 30 % par an sur les cinq ans à venir », estime Kimon Palinginis, project manager au cabinet Booz Allen Hamilton. Même tendance dans le solaire thermique. Avec plus de 3 millions de mètres carrés de capteurs installés sur les toits des bâtiments européens en 2006, ce marché en hausse de 44 % a atteint un seuil historique.
Un crédit d'impôt de 50 %
Ces énergies sont pourtant chères. Surtout l'électricité générée par les panneaux photovoltaïques, dix fois plus élevée que l'électricité du réseau, sans garantie de rapides retours sur investissement. « Mais avec le renchérissement des énergies fossiles, tous les pays européens etles Etats-Unis
cherchent des garanties d'approvisionnement et une diversification de leurs ressources énergétiques », avance Kimon Palinginis.
Mais le vrai déclencheur, ce sont les incitations financières. En France, le tarif de rachat de l'électricité photovoltaïque a doublé en 2006 de 150 à 300 euros par MWh. Les nouvelles installations bénéficient d'un crédit d'impôt. Tout comme le solaire thermique : le crédit d'impôt de 50 % proposé aux particuliers pour l'installation d'équipements solaires et les aides régionales offertes pour la mise en place d'eau chaude solaire dans le logement collectif se sont traduits par une hausse de 131 % de la surface de capteurs thermiques installés en un an ! 35 000 chauffe-eau solaires individuels (Cesi) et 5 000 systèmes solaires combinés, fournissant à la fois l'eau chaude et le chauffage, ont été posés chez les seuls particuliers.
En Espagne, le dernier code de construction oblige depuis septembre 2006 les nouvelles constructions à couvrir entre 30 et 70 % de leurs besoins en eau chaude grâce au soleil. Même les pays pionniers comme l'Autriche ou Chypre,
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où les taux d'équipement atteignent des records (respectivement 343,4 mètres carrés et 730,9 mètres carrés de capteurs solaires thermiques par habitant) enregistrent des hausses exceptionnelles et tablent sur le renouvellement des appareils posés il y a vingt ans...
Cette demande spectaculaire s'est traduite par de vrais bouleversements. Tous les fabricants augmentent leurs capacités de production. En particulier en Allemagne et en Autriche, principaux pays pourvoyeurs de collecteurs solaires grâce à leurs spécialistes, comme Green-OneTec (77 millions d'euros de chiffre d'affaires), leader européen avec 1,2 million de mètres carrés produits en 2006, ou KBB Kollektorbau. En 2005, 75 % des surfaces de capteurs vendues en France venaient de ces deux pays. Et selon le baromètre de l'Observatoire des énergies renouvelables, le chiffre d'affaires de l'industrie allemande a atteint 1,2 milliard d'euros en 2006 contre 750 millions en 2005, tandis que les ventes de la filière autrichienne s'élevaient à 400 millions d'euros (contre 232millions un an plus tôt).
Malgré ces investissements, le marché reste tendu et les déploiements industriels se poursuivent à grande échelle. Dernier en date, celui du spécialiste allemand du chauffage Viessmann, qui vient de doubler la production de capteurs thermiques de son usine dédiée au solaire à Faulquemont (Moselle). Objectif : passer de 250 000 à 600 000 mètres carrés par an, pour un coût de 10 millions d'euros hors bâtiment.
En moins de cinq ans, la hiérarchie des acteurs a été bouleversée. Restée en France pendant vingt ans la chasse-gardée d'entreprises spécialisées dans les technologies solaires, comme Clipsol (18 millions d'euros de chiffre d'affaires attendus pour 2007, en croissance de 50 %) ou Giordano (20 millions d'euros de chiffre d'affaires), le marché est passé entre les mains des gros industriels du chauffage. Viessmann, arrivé sur le marché français en 2001, s'y arroge le tiers des ventes. Mais tous les autres chaudiéristes sont là. De Die-trich, Buderus, Atlantic, Chappée, Chaffoteaux proposent a minima une gamme de chauffe-eau ou de systèmes de chauffage solaires...
La concurrence se durcit. Les solaristes jouent la carte de la technicité pour tirer leur épingle du jeu. « Nous sommes capables de faire des installations sur mesure, avec des capteurs qui peuvent s'adapter aux découpes des toitures et à tous les types de couverture », affirme André Jean, le PDG de Clipsol, une société de 130 salariés basée à Aix-les-Bains (Savoie). Avec un budget de R et D qui représente 7 % de son chiffre d'affaires, la PME reste sereine. Elle fabrique tous ses composants et voit affluer, depuis peu, les demandes de gros chaudiéristes qui souhaiteraient se fournir chez lui en capteurs solaires !
Dans le photovoltaïque aussi, la situation est de plus en plus tendue. En juillet, EdF Energies Nouvelles a signé un contrat d'approvisionnement en modules photovoltaïques avec First Solar. Les 230 megawatt-crète (MWc) garantis par le géant américain devraient être livrés d'ici à fin 2012. « L'enjeu est d'assurer notre approvisionnement sur trois à cinq ans à des conditions et des prix compétitifs », explique David Corchia, le directeur général d'EdF Energies Nouvelles. Le 17 septembre, sa société signe un nouveau contrat de 30 MWc avec le fournisseur américain United Solar Ovonic LLC. Elle envisage même d'investir dans l'amont via un partenariat ou une prise de participation ciblée.
Des capacités en hausse
Pour répondre à la demande, les leaders du secteur, le numéro 1 allemand Q-Cells ou ses compatriotes Conergie, Solarworld, Schott Solar augmentent leur production. Ce dernier a investi 70 millions d'euros dans une nouvelle unité à Jena, en Allemagne, qui démarre cet automne. La société belge Photo-voltech, détenue par Total, Electrabel et Imec, s'apprête à accroître les capacités de l'usine de Tirlemont (Belgique) de 30 à 80 MWc dès l'an prochain. En France, Photowatt double sa capacité pour 75 millions d'euros. Au total, la croissance de la fabrication des panneaux photovoltaïques en Europe est d'environ 40 % par an. « La capacité de production mondiale en énergie solaire sera proche de 12 à 15 GW en 2010, trois fois plus que ce qui était prévu il y a deux ans », affirme Nicolas Rochot, le gérant de la Financière de Champlain, une société spécialisée dans les investissements dans le développement durable.
Avec à la clé, une productivité qui progresse d'environ 20 % par an. « Mais cette amélioration a été gommée par les coûts de la matière de base, le silicium monocristallin, toujours très cher », précise Kimon Palinginis, chez Booz Allen. Produit par cinq fonderies dans le monde, il représente 50 % du coût des modules et son prix est dicté par la demande de l'électronique, son principal débouché.
Le défi aujourd'hui est de parvenir à une électricité photovoltaïque coûtant 50 euros par MWh. Comment ? « En misant sur l'effet d'échelle et en investissant dans la R et D », répond Kimon Palinginis. Des solutions pour baisser le coût des productions sont en développement, elles utilisent les couches minces ou les cellules organiques. Cette rupture technologique devrait favoriser de nouveaux entrants, comme les nombreuses start-up américaines qui ont misé sur ce secteur.
Dans dix ans, Des coûts divisés par quatre
En jouant d'une part sur le captage du maximum d'énergie solaire, via des concentrateurs et des traqueurs, et en misant d'autre part sur des alternatives au silicium monocristallin, les coûts de l'énergie photovoltaïque devraient être divisés par quatre, sous les 100 euros, d'ici à dix ans, selon l'Agence internationale de l'énergie.
Dans le thermique, en revanche, la généralisation de l'offre ne devrait pas se traduire par une franche baisse des prix. Les fabricants préfèrent accroître les performances des systèmes et améliorer le confort de l'utilisateur. Et, à la différence du photovoltaïque, ce n'est pas du côté d'une révolution technologique qu'il faut attendre, à court terme, une baisse des coûts. Les capteurs affichent déjà de bonnes performances et ne représentent que 20 % du prix global de l'installation.
Mais pour l'heure, le solaire éveille les appétits des investisseurs de tous poils. Le fabricant allemand de cellules photovoltaïques Solar World a multiplié son cours par 42 depuis son entrée en Bourse de novembre 1999. Il affiche une capitalisation de 3,9 milliards d'euros. Et l'inscription au marché libre en juillet de Cervin ENR, spécialisée dans les solutions solaires, basée au Bourget-du-Lac en Savoie, est à marquer d'une pierre blanche, Malgré un chiffre d'affaires modeste (3,9 millions d'euros), elle a réalisé une augmentation de capital de 12 millions d'euros!
Marion Deye et Virginie Lepetit
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