Quand la lentille imite l'oeil humain
PRODUCTION La société suisse Optotune développe une lentille souple qui se déforme comme l'oeil humain pour modifier la distance focale.
Créée en 2008 par essaimage de l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETH- Zurich), en Suisse, Optotune développe une lentille souple qui fonctionne comme l'oeil humain. Cette lentille se compose de polymères électroactifs, des matériaux qui présentent la particularité de se déformer sous l'effet d'un courant électrique. En ajustant la tension électrique qui lui est appliquée, il est possible d'en modifier à loisir le rayon de courbure et donc la distance focale.
Par rapport aux dispositifs traditionnels de mise au point optique à base de lentilles en verre ou en plastique, cette technologie offre l'avantage de supprimer les pièces en mouvement et de s'affranchir de toute mécanique, ce qui améliore le temps de réponse tout en réduisant l'encombrement, la consommation de courant et les coûts.
Pour les téléphones mobiles à appareil photo intégré
Cette technologie vise en premier lieu l'immense marché des téléphones mobiles à appareil photo intégré, qui, pour des raisons d'encombrement, de coût et de consommation, se contentent aujourd'hui d'un système de mise au point optique souvent basique. Des applications potentielles existent aussi dans les appareils photo compacts, les microscopes, les endoscopes ou encore l'éclairage automobile.
Optotune n'est pas le seul à s'inspirer de l'oeil humain. Le français Varioptic le fait aussi avec sa lentille liquide. « Mais notre technologie offre l'avantage d'une tension électrique plus faible, d'une réponse plus rapide et d'un fonctionnement plus stable », affirme Manuel Aschwanden, le PDG-fondateur de la société suisse.
Un prototype de zoom 3x a été développé pour un fabricant de téléphones mobiles, dont l'identité n'est pas révélée. Un autofocus sous la forme d'une pastille de 22 mm de diamètre et de 5 mm de hauteur est prêt à la livraison. Il offre une distance focale variable de 20 à 300 mm, se caractérise par un temps de réponse de 200 ms et supporte 4 millions de cycles. Manuel Aschwanden reste discret sur les coûts mais précise que sa technologie sera compétitive face aux produits traditionnels.