Publicis maintient ses prévisions pour 2013
par Gwénaëlle Barzic
PARIS (Reuters) - Publicis mise sur son projet d'alliance avec l'américain Omnicom qu'il espère boucler au premier trimestre 2014 pour profiter à plein de la reprise en vue des dépenses publicitaires mondiales l'an prochain.
Le troisième groupe publicitaire mondial, qui a annoncé cet été ses fiançailles avec le numéro deux du secteur, maintient par ailleurs ses prévisions pour l'année en cours en dépit d'un ralentissement de sa croissance au troisième trimestre, pénalisé par des performances décevantes dans les pays émergents.
"Nous sommes sur notre tableau de marche", a déclaré à des journalistes le président du directoire Maurice Lévy, en se disant confiant quant à la capacité du groupe à atteindre une croissance de 3,5-3,6% et une amélioration modérée de sa marge.
L'impasse persistante des discussions sur le relèvement du plafond de la dette aux Etats-Unis, où Publicis réalise la moitié de ses revenus, fait planer une incertitude sur la fin d'année, a reconnu le dirigeant qui a toutefois jugé très peu probable le scénario d'une banqueroute de l'Etat américain.
"Ils vont montrer les crocs de part et d'autre mais cela n'ira pas jusqu'à la catastrophe annoncée", a-t-il pronostiqué, ajoutant que le "shutdown" n'avait pour l'instant eu aucun impact sur l'activité du groupe Outre-Atlantique.
Au global, le chiffre d'affaires a progressé de 3,5% à données comparables, en retrait par rapport au bond de 5% enregistré au deuxième trimestre.
Publicis, qui a fait des émergents l'un des piliers de sa stratégie avec le numérique, a souffert du ralentissement persistant en Chine où il espérait un rebond à la rentrée tandis les difficultés du Brésil ont pesé sur son activité.
Au total, les émergents affichent une croissance maigrichonne de 1,5% sur le trimestre, ce qui ne remet pas en cause la stratégie d'investissement du groupe dans ces pays, a précisé Maurice Lévy selon lequel Publicis devrait prochainement annoncer des acquisitions en Inde.
LE PROJET DE FUSION SUR LES RAILS
A titre de comparaison, son futur partenaire Omnicom, qui publiait mardi, a fait état d'une croissance supérieure aux attentes de 4,1% sur la même période.
Le projet de fusion, qui devrait donner naissance au nouveau numéro un mondial du secteur avec un chiffre d'affaires combiné de 17,7 milliards, est sur les rails, a assuré Maurice Lévy.
"Nous n'avons pas une barrière particulièrement difficile à sauter", a-t-il expliqué en disant tabler sur une clôture de l'opération au premier trimestre 2014.
Alors que des investisseurs se sont inquiétés du risque de pertes de comptes en lien avec de possibles conflits d'intérêt et du départ de certains talents, Maurice Lévy a déclaré que le groupe n'avait subi aucune défection de client et que ses équipes restaient "complètement mobilisées", faisant écho aux propos similaires tenus par son homologue d'Omnicom John Wren.
Une réunion d'"intégration du management" est prévue en fin de semaine en Floride pour discuter du projet dont l'ambition est de générer 100 points de base de croissance supplémentaires par rapport à la croissance que les deux groupes auraient eu seuls, a précisé Maurice Lévy.
Leur rapprochement intervient au moment où le marché publicitaire mondial s'achemine enfin vers une reprise. ZenithOptimedia, filiale de Publicis, prévoit pour 2013 une stabilisation des dépenses avec une croissance de 3,5% avant un rebond à 5,1% en 2014 puis 5,9% en 2015.
Publicis anticipe une amélioration sensible du marché aux Etats-Unis et dans les émergents tandis que le numérique devrait enregistrer une croissance à deux chiffres au quatrième trimestre comme l'an prochain, a dit Maurice Lévy.
L'Europe, elle, a renoué avec une très légère croissance au troisième trimestre portée par le Royaume-Uni et les pays du Nord alors que la France est restée dans le rouge. Publicis attend une "petite" amélioration au quatrième trimestre avant un redressement de plus grande ampleur l'an prochain.
Le titre a clôturé à 58,01 euros mardi. Depuis l'annonce du projet de fusion, le titre est resté quasiment stable, une performance jugée "décevante" par Maurice Lévy alors que les concurrents WPP et Havas ont gagné respectivement 9 et 13%.
"C'est clair que nous avons subi des attaques très fortes", a déclaré Maurice Lévy en faisant référence aux déclarations de certains concurrents tout en assurant que la nouvelle entité était promise à un parcours boursier "exceptionnel".
Edité par Jean-Michel Bélot