PSA ambitionne d'ouvrir un nouveau chapitre avec Carlos Tavares
PSA Peugeot Citroën espère refermer en 2014 l'un des chapitres les plus mouvementés de son histoire avec l'arrivée de Carlos Tavares, appelé à succéder l'année prochaine à Philippe Varin à la tête du groupe automobile.
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Mis à jour
23 décembre 2013
2014 sera-t-elle l'année Tavarès ? A 55 ans, l'ancien numéro deux de Renault rejoindra début janvier le directoire de PSA, quatre mois environ après son départ brutal du groupe au losange où il se sentait à l'étroit. Dans son nouveau bureau du neuvième étage de l'avenue de la Grande armée à Paris, siège de PSA, il multiplie depuis plusieurs semaines les rencontres avec les autres membres de la direction et des représentants de la famille Peugeot, principal actionnaire du constructeur. "Avec l'arrivée de Carlos Tavares, c'est la fin d'un cycle et un nouveau qui commence", commente un responsable du secteur. "Philippe Varin, c'était la restructuration, la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois. Il faut maintenant redémarrer autre chose."
L'actuel président du directoire, déjà connu pour avoir restructuré le sidérurgiste Corus, aura beaucoup joué les démineurs pour son successeur. Il a lancé le plan "Rebond 2015", qui vise à endiguer l'hémorragie de cash du groupe grâce notamment à un vaste plan social, et signé avec les syndicats un contrat pour améliorer la compétitivité des usines françaises.
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Mais s'il veut donner à l'entreprise un nouveau souffle et l'aider à trouver sa place sur un marché européen et mondial ultraconcurrentiel, Carlos Tavares ne pourra se contenter de réduire les coûts et devra voir plus loin. Malgré une offre de produits largement renouvelée, et l'une des gammes les plus jeunes au monde, PSA continue de perdre des parts de marché en Europe. Et en dépit de leurs succès en Chine, les deux marques du groupe restent à la peine en Russie et en Amérique latine.
UNE ÈRE DE TURBULENCES
Carlos Tavares apporte avec lui une solide expérience de l'automobile et une image de passionné pour tout ce qui anime le secteur. Sa capacité à maintenir les prix chez Renault sera également précieuse alors que PSA, refusant de s'avouer battu face à l'allemand Volkswagen, veut poursuivre sa montée en gamme. Sa réputation internationale, forgée au sein de l'alliance Renault-Nissan, constitue aussi un atout, notamment dans la perspective d'une entrée du chinois Dongfeng au capital du constructeur en difficulté.
"La nomination de Tavares envoie les bons signaux au marché, il était très respecté quand il travaillait chez Renault-Nissan et peut constituer une force d'inspiration pour les équipes du groupe", commente Kristina Church, analyste automobile chez Barclays Capital. "Mais sur les coûts et les surcapacités, Tavares pourra-t-il aller beaucoup plus loin que son prédécesseur ? J'en doute." Un seul homme ne suffira pas selon à elle à effacer les faiblesses structurelles du groupe, sauf si son arrivée coïncide avec une nouvelle alliance stratégique, comme avec Dongfeng.
l'héritage Varin
Avant de lui céder les rênes du groupe, Philippe Varin aimerait sceller ce nouveau partenariat déterminant pour les finances et la stratégie mondiale de PSA. Il ferait ainsi oublier la sensation d'échec associée à l'alliance avec General Motors, dont les vastes ambitions mondiales du début ont été considérablement revues à la baisse. Philippe Varin tirerait également ainsi un trait sur la controverse de sa retraite chapeau à 21 millions d'euros, à laquelle il a renoncé mais qui a éclipsé l'annonce de sa succession.
Si le président du directoire sortant a vu sa marge de manoeuvre limitée à cause de tensions avec la famille Peugeot, Carlos Tavares n'aura pas non plus une latitude totale. Même diluée lors de la prochaine augmentation de capital, les héritiers des fondateurs resteront des interlocuteurs de poids, tout comme l'Etat, déjà représenté depuis qu'il a apporté sa caution à l'activité bancaire du groupe, et qui devrait renforcer cette influence en entrant au capital. PSA espère néanmoins renouer l'an prochain avec une certaine stabilité.
Après la continuité des décennies Jacques Calvet et Jean-Martin Folz, alors qu'en face Carlos Ghosn est l'homme fort de Renault depuis les années 2000, Christian Streiff ne sera resté à la présidence du directoire que deux ans à cause d'un problème de santé, et Philippe Varin six ans, s'il écourte comme prévu en 2014 son deuxième mandat.
Avec Reuters (Gilles Guillaume, Jean-Michel Bélot)
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