Prison ferme requise contre deux prévenus dans le scandale de la viande de cheval
Dans l'affaire des lasagnes à la viande de cheval, la magistrate Aude Le Guilcher a dénoncé "une des fraudes alimentaires les plus importantes de ces dernières années" et a requis de la prison ferme pour deux des prévenus.
Alors que les Français s'inquiètent de la commercialisation de viande polonaise avariée, c'est le 13 février que les plaidoiries d'une autre affaire concernant l'agroalimentaire, prenaient fin.
Le scandale des plats préparés à la viande de cheval est "l'une des plus importantes fraudes alimentaires de ces dernières années", c'est ainsi que la procureure Aude Le Guilcher a qualifié l'affaire lors de son réquisitoire contre les quatre prévenus.
Un mécanisme parfaitement huilé
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Depuis le 21 janvier, le Français Jacques Poujol, ancien directeur général et Patrice Monguillon, ancien responsable de site dans l’entreprise de transformation de viande Spanghero ainsi que les négociants en viande néerlandais Johannes Fasen et Hendricus Windmeijer, comparaissent devant la 31ème chambre correctionnelle du TGI de Paris. Ils sont soupçonnés "d'escroquerie en bande organisée" et de " tromperie" envers le fabricant de plats cuisinés Tavola. Les négociants néerlandais et le fabriquant français auraient, entre 2012 et début 2013, vendu plus de 500 tonnes de viande de cheval en la faisant passer pour de la viande de bœuf.
"M. Fasen trouve la marchandise, puis confie à M. Windmeijer la tâche de faire disparaître la trace de son origine, et Messieurs Poujol et Monguillon font passer cette viande pour un produit travaillé et gèrent les relations avec la société victime, Tavola, faisant en sorte qu’elle ne se doute de rien", a résumé Aude Le Guilcher. Des accusations niées par le transformateur et le négociant qui se renvoient la balle des responsabilités. Pourtant, pas de doute pour la procureure "le mécanisme était parfaitement huilé".
Calvaire pour les industriels
Pour ces réquisitions, Aude Le Guilcher a pu s'appuyer sur les témoignages des industriels du secteur. Présents parmi les parties civiles, des marques comme Findus et Picard, clients de Comigel, l'entreprise trompée par Spanghero, ont témoigné du préjudice subi. "Nous avons dû retirer tous les produits qui comportaient du bœuf de chez Tavola de nos 882 magasins", a précisé l'avocat des surgelés Picard, Michel Ayache, qui réclame 10,7 millions d'euros pour les pertes du groupe à cause de cette affaire.
Findus, de son côté, dénonce un scandale qui continue d'écorner son image. "Pour beaucoup de gens, cette affaire est l'affaire Findus", déplore l'avocat de l'industriel Thomas Bidnic qui s'est appuyé sur des images circulant encore sur les réseaux sociaux pour appuyer son argumentaire. "Nous espérons mettre un point final à ce qui a été un véritable calvaire", a-t-il conclut.
Au delà des chiffres, la filière dénonce une rupture du pacte de confiance passé avec le consommateur. "Nous avons bâti notre réputation et notre notoriété sur un grand nombre d'exigences de qualité et d'éthique.Tout cela a été piétiné par ces gens-là", regrette Picard. "Nous voulons donner le signal que ces gens-là ne peuvent pas exister dans notre filière", a souligné, de son côté, le conseil de l'interprofession du bétail et de la viande Interbev.
Trois ans de prison contre le dirigeant de Spanghero
Et au vu des peines requises par le parquet, les demandes des industriels semblent avoir été entendues. A l'issue de trois heures de réquisitoire, la magistrate a, en effet, demandé trois ans de prison, dont deux avec sursis, contre Jacques Poujol, ainsi que la confiscation de plus de 870 000 euros saisis. Si elle est suivie, l'ancien dirigeant écopera également d'une interdiction définitive d'exercer dans la viande en France. Une amende de 10 000 euros et deux ans avec sursis ont été requis contre son bras droit Patrice Monguillon.
C'est contre les négociants néerlandais que les peines les plus lourdes ont été requises. La magistrate a demandé 18 mois d'emprisonnement avec sursis pour M. Windmeijer et quatre ans de prison avec mandat d’arrêt contre M. Fasen. Le jugement de l'affaire a été mis en délibéré.
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