Poussés par la réglementation, les bus à hydrogène arrivent en ville
Si Versailles, Pau et Lens s'affichent en précurseurs des bus à hydrogène en France, nombreuses sont les villes à s'intéresser à cette technologie.En cause : la nécessité de dépolluer les flottes de véhicules alors qu'approchent des jalons relatifs à des réglementations contraignantes.
Versailles a inauguré ses premiers bus à hydrogène en septembre dernier. Ceux de Pau et Lens sont également en cours de déploiement. Mais ces trois précurseurs sont loin d'être des cas isolés : « Aujourd'hui, nous avons identifié 142 demandes publiées de bus à hydrogène en cours de déploiement ou envisagés d'ici 18 mois, déclare Valérie Bouillon-Delporte, vice-présidente de l'Association française pour l'hydrogène et les piles à combustible (Afhypac) lors d'une matinée d'information sur la mobilité hydrogène dans les collectivités organisée le 13 novembre. En tenant compte des informations non publiques dont nous disposons, nous arrivons à environ 300 demandes pour le marché français. » Parmi les villes les plus ambitieuses : Montpellier et Strasbourg souhaitent s'équiper respectivement de 20 et 30 bus à hydrogène.
L'hydrogène poussé par des réglementations contraignantes
« Il y a une accélération car le bus à hydrogène permet aux collectivités d'apporter une réponse à différentes contraintes réglementaires, affirme Valérie Bouillon-Delporte. Notamment le « Mobility Package » au niveau européen qui comprend plusieurs volets. » Un premier volet fixe des objectifs de réduction des émissions de CO2 pour les véhicules légers et lourds : -15% d'ici 2025 et -30% d'ici 2030. Le deuxième volet est une obligation pour les sociétés publiques et semi-publiques dans les principales agglomérations de choisir des véhicules propres - biogaz, batteries ou hydrogène - lorsqu'elles renouvellent leurs flottes. En France, les jalons sont de 50% de véhicules propres en 2020 et 100% en 2025, contre 75% à 80% à horizon 2030 au niveau européen. « Pour une fois la France est plus ambitieuse que l'Europe », remarque Mme Bouillon-Delporte. Le troisième volet est une directive qui oblige chaque Etat à déployer les infrastructures de carburants alternatifs. « Elle concernait jusqu'à présent le gaz et les batteries, mais l'hydrogène deviendra obligatoire l'an prochain lors de sa révision », précise Mme Bouillon-Delporte.
Alors bus électrique à batteries ou à hydrogène ? « Tout dépend des usages, répond Mme Bouillon-Delporte. Dans certains cas, le bus électrique à batterie ne suffit pas mais il y a une vraie complémentarité entre les deux. » En Allemagne par exemple, la ville de Cologne a commandé 40 bus électriques à batteries pour le cœur de ville, et 40 bus électriques à hydrogène pour couvrir les usages en périphérie où les trajets sont plus longs.
Objectifs 1000 bus à hydrogène
Aujourd'hui, l'objectif du plan « Bus à hydrogène » est d'en avoir 1000 en France d'ici 2023. « Pour assurer ces commandes, les constructeurs nous ont dit qu'ils avaient besoin de visibilité pour se lancer dans la production de bus à hydrogène », précise Mme Bouillon-Delporte. L'Union des groupements d'achats publics (UGAP) a donc lancé un tour des collectivités pour identifier les besoins. Ils lanceront un appel d'offres en mars 2020 auprès des constructeurs de bus. Les lauréats seront retenus à l'été et à partir de septembre-octobre 2020, les villes auront la possibilité de commander leurs bus à hydrogène à travers l'UGAP. « Cela permettra d'aller plus vite dans l'électrification et de donner de la visibilité aux constructeurs, assure Valérie Bouillon-Delporte. Parce qu'à partir du moment où vous êtes référencé à l'UGAP, vous ne passez plus par les mécanismes d'appel d'offres de marchés publics. »