Pourquoi Total veut devenir producteur d'électricité et pas seulement en France

D’ici à 2020, Total devrait disposer de 3 GW de centrales électriques combiné gaz en France. Le pétrolier ne compte pas s’arrêter là.

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Pourquoi Total veut devenir producteur d'électricité et pas seulement en France
"On a plusieurs projets [de production d’électricité] au Vietnam, au Myanmar et en Cote d’Ivoire", annonce Patrick Pouyanné.

Le rachat de Direct Energie en France n’était qu’un avant-goût. Après la vente, Patrick Pouyanné veut développer la production d’électricité bas carbone chez Total. En juin dernier, lors de l’annonce du programme Place au soleil de Sébastien Lecornu, il défiait déjà Jean-Bernard Levy d’EDF et son plan solaire de 230 gigawatts (GW) d’ici à 2030, en annonçant l’installation de 10 MW de photovoltaïque sur ses sites (il en a déjà 600 gigawatts) et ses stations-service d’ici à 2020. Finalement, elle serait peut-être limitée à 7 mégawatts (MW), si l’on en croit ses dernières déclarations, lors de la présentation des résultats 2018 (excellents) le 7 février dernier. Il annonçait, en effet, pour 2020 que Total disposerait bien de 10 GW de capacité électrique, mais en incluant 3 GW de centrales thermiques à gaz.

En juin 2018, Total a en effet annoncé avoir signé un accord avec KKR-Energas en vue d’acquérir ses deux centrales à cycle combiné au gaz naturel (CCGT) dans le Nord et l’Est de la France, qui représentent une capacité de génération électrique d’environ 825 mégawatts (MW). Fin décembre, Total passait un accord avec le Tchèque EPH pour lui racheter en 2020 les deux unités gaz de 420 MW de la centrale Emile Huchet à Saint-Avold (Moselle) d’Uniper, dont tous les actifs en France passent sous pavillon tchèque. Enfin, dans la corbeille de la mariée de Direct Energie se trouvait le projet de centrale combiné gaz de Landivisiau (Finistère), dont tous les recours sont levés et dont la construction va être lancée dans quelques semaines. Ce sera d’ailleurs la dernière centrale électrique thermique à base d’énergie fossile qui devrait être construite en Métropole.

Moins subir les prix de marché

"On veut être producteur, car si on n’est que distributeur, sans contrôler une partie des moyens de production, on subit les aléas du prix du marché de l’électricité, explique aussi Patrick Pouyanné. Quand c’est haut, la distribution souffre un peu plus, mais il vaut mieux produire car on en profite. Et si les prix baissent, c’est la distribution qui aura de meilleurs résultats et la production qui sera un peu moins bien. Et tout le groupe, est organisé comme ça. C’est un modèle intégré qui a montré sa capacité à résister."

Dans cet engouement de Total pour l’électricité, la transition énergétique n’y est pas pour rien. Patrick Pouyanné, le PDG de Total, dit vouloir "être un acteur positif et contribuer à notre niveau à faire progresser cette question" en se positionnant sur le marché des énergies bas carbone. Mais il sait surtout que la demande de pétrole va bien finir par cesser de croître de 1,5 % par an comme actuellement et atteindre un plateau (on parle de 2025).

Accompagner la transition énergétique

"On fait évoluer notre portefeuille en ligne avec ce que pourrait être l’évolution des marchés pétroliers, gaziers et électricité à l’horizon 2040. Si le monde arrive à se mettre dans un scénario 2°C, c’est un monde où il y aurait toujours des hydrocarbures (50 %), mais plus de gaz et moins de pétrole, moins de charbon et plus d’énergies renouvelables. Sur la période 2017-2040 il y a un doublement de la consommation d’électricité", prévient le PDG de Total. Selon lui, cette électrification de l’économie devrait venir des renouvelables et, dans une moindre proportion, du gaz naturel.

Pour Total, cela signifie "produire du pétrole à prix bas c’est-à-dire à point mort bas, car si le scénario se réalise il y aura trop de pétrole sur la planète et donc les prix vont baisser", anticipe le patron de la major française. Mais le vrai pari de Total pour compenser la baisse de revenus du pétrole, n’est pas sur le solaire et les renouvelables, mais bien sûr le gaz. Sur le gaz naturel liquéfié (GNL) principalement, qui a déjà cru de plus de 10 % par an ces deux dernières années, tiré notamment par la Chine et par l’Inde.

Trouver un débouché à son GNL

"Dans les économies des pays émergents, le gaz naturel joue un rôle fondamental dans leur trajectoire de baisse d’émissions de CO2", rappelle Patrick Pouyanné. Mais dans les pays encore en développement, ce n’est pas de gaz dont les gens ont besoin mais d’électricité. "On a plusieurs projets [de production d’électricité] sur lesquels on travaille actuellement au Vietnam, au Myanmar et en Côte d’Ivoire", annonce Patrick Pouyanné. Là où Total a investi dans des terminaux GNL, notamment via l’acquisition de l’activité amont d’Engie.

Et Patrick Pouyanné compte beaucoup sur ce nouveau segment bas carbone, baptisé integrated gas, renewables and power. “Il va attirer 25 % des investissements, de l’ordre de 4 milliards, et va croître rapidement pour atteindre 20 % de l’entreprise", annonce le PDG de Total. Une entreprise qui a réalisé 13,9 milliards de dollars de bénéfice en 2018.

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