Pourquoi les approvisionnements mondiaux en lait reculent
Depuis cet été, la collecte mondiale de lait diminue. Sur un an, les excédents disponibles pour l’exportation vont diminuer de plus de 3,2 millions de tonnes au second semestre de 2016, explique Kévin Bellamy, analyste en charge du secteur laitier pour la banque néerlandaise Rabobank. Dans un entretien accordé à L’Usine Nouvelle, il décrypte les mouvements en cours sur le marché.
L’Usine Nouvelle - Comment évoluent aujourd’hui les marchés laitiers à l’international?
Kévin Bellamy (Rabobank) - Après une période de prix extrêmement bas du lait, nous constatons une certaine reprise des prix sur le marché mondial. Au deuxième semestre de 2016, la quantité de produits laitiers offerts sur le marché mondial était de 3,2 millions de tonnes de moins en équivalent lait liquide que l'année précédente. Malgré la faiblesse constante de la demande, cette baisse de l'offre a entraîné une remontée des prix. Deux facteurs ont précédemment tiré les prix à la baisse, la faiblesse de la demande ainsi qu’une offre surabondante. Un recul des achats chinois et l'impact continu de l'embargo commercial russe ont participé à la faiblesse de la demande. L’impact de l'affaiblissement des devises par rapport au dollar américain a également rendu les produits laitiers moins abordables dans les marchés émergents. Le sur-approvisionnement a également coïncidé avec la suppression des quotas laitiers européens.
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La politique européenne visant à encourager une production inférieure de lait peut-elle fonctionner ?
Les efforts de l'Union européenne pour réduire l'offre arrivent à un moment où les approvisionnements sur le marché mondial sont déjà en baisse. Il est possible que les subventions concourent à réduire davantage la production européenne et contribuent à la hausse des prix sur les marchés mondiaux. Alors que la production a augmenté en Europe, à l'exception de l'Irlande, la superficie allouée à l'élevage laitier est restée la même. A long terme, la croissance de la production européenne sera donc limitée par la superficie actuellement consacrée à l'élevage laitier.
Comment les autres producteurs de lait traversent-ils cette période mouvementée ?
Déjà en proie à une faiblesse des prix à la ferme, la Nouvelle-Zélande a connu un début de campagne mitigé – on ne prévoit pas de hausse de la production pour cette année. En Australie, la forte baisse des prix à la fin de la dernière campagne pratiquée par la grande coopérative Murray Goulburn a été ressentie dans l'ensemble de l'industrie et la production est déprimée. Les États-Unis ont quant à eux la capacité de produire plus de lait, mais le dollar fort rend la production de lait pour les marchés d'exportation moins intéressante, et la forte demande intérieure permet d'absorber les excédents. En Amérique latine, l'inflation a entraîné une hausse des coûts de production, tandis des inondations dans les régions laitières sont survenues.
Comment les efforts sur la qualité ou sur le bio jouent-ils sur les prix ?
À un moment où la croissance des volumes est devenue plus difficile, de nombreuses entreprises cherchent à accroître la valeur de leurs produits. Des primes peuvent être obtenues en réduisant les niveaux de graisse, en réduisant ou en éliminant les niveaux de protéines augmentant le lactose ou en modifiant le type de protéines comme dans le cas du lait A2 qui provient de vaches qui produisent naturellement une forme différente de bêta-caséine. Le lait bio bénéficie quant à lui de nombreuses incitations gouvernementales à travers le monde. Toutefois, il faut faire preuve de prudence, car le risque d’une offre surabondante existe.
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