Pourquoi le succès de la fusée réutilisable de SpaceX met la pression sur l’Europe spatiale
Un exploit. SpaceX a réussi à récupérer le premier étage de son lanceur en le faisant réatterrir sur une barge flottant sur l’océan Atlantique. Concentré sur le développement d’Ariane 6, lanceur non réutilisable, l’Europe spatiale reste sans riposte.
Décollage de la fusée SpaceX vers l'ISS le 8 avril - Crédits SpaceX
La démonstration vaut avertissement pour l’industrie spatiale européenne. Vendredi 8 avril, Space X a réussi à poser le premier étage de son lanceur Falcon 9 sur une barge en plein Océan Atlantique. La société californienne avait déjà réussi un exploit comparable en faisant revenir son lanceur sur le sol de la Floride en décembre dernier.
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En novembre dernier, Blue Origin, la société spatiale dirigée et financée par Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, avait également réussi à récupérer son lanceur, le "New Shepard". Avec ce type de fusée, Jeff Bezos veut développer le marché du tourisme spatial.
Diminuer les coûts
Ces nouveaux entrants développent des méthodes de conception et d’organisation industrielle venues de la Silicon Valley et de l’Internet. Chacun de leur succès bouscule la vieille industrie spatiale européenne. Leur ambition : grâce à la réutilisation, il s’agit de diminuer drastiquement les coûts des lanceurs. Elon Musk, le fondateur de SpaceX, se plait à faire le parallèle avec d’autres industries : l’aéronautique n’aurait jamais décollé si les compagnies aériennes avaient jeté leurs avions après un seul vol, aime-t-il a rappeler !
L’Europe reste pour l’instant sans réponse. Elle a une fusée de retard. Elle consacre l’essentiel de son effort à la conception et à la production d’Ariane 6. Un défi industriel ambitieux puisqu’il s’agit de diviser ses coûts de production par deux ! Si le calendrier est respecté, Ariane 6 ne volera qu’en 2020… mais ne sera pas réutilisable.
Le Vieux Continent s’est réveillé tardivement. Airbus Safran Launchers, le maitre d'œuvre de la fusée Ariane, travaille sur ce concept avec la fusée Adeline mais ne bénéficie pas de financement significatif. En France, Le Centre national d'études spatiales (CNES) planche également sur le sujet avec son projet Prométhée, qui vise à produire un moteur réutilisable de nouvelle génération deux fois moins cher que les moteurs actuels. Les équipes démarrent toutefois quasiment de zéro.
Equation économique
Dépourvue des moyens de riposter rapidement, la communauté spatiale européenne se console en affirmant que SpaceX n’a aujourd’hui réalisé que la moitié du travail.
Faire revenir l’étage principal d’une fusée est une chose, le faire redécoller à un coût compétitif en est une autre. Lors de son aller-retour, la motorisation est fortement éprouvée. Des tests et des opérations de réparation ou des remplacements de sous-ensembles peuvent être nécessaires et parfois très coûteux.
Les navettes spatiales américaines mises en place au début des années 80, et qui revenaient sur Terre, avaient finalement coûté très cher à la Nasa malgré leur capacité à retourner dans l’espace. Réutiliser le même lanceur implique de ne plus bénéficier des effets de la production en série, atout sur lequel mise également SpaceX pour réduire ses coûts. L’équation économique de la fusée réutilisable reste toujours à démontrer.
Si Space X venait à la résoudre afin de proposer aux clients d’Arianespace des lancements à prix cassés, l’Europe se retrouverait sans capacité immédiate de réagir...
Hassan Meddah
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