Le chimiste allemand Bayer pensait boucler le rachat de Monsanto d’ici la fin de l’année. Mais la Commission européenne vient de diligenter une enquête approfondie sur ce dossier. Explications.
Il y a six mois, à l’occasion de la présentation des résultats annuels du groupe allemand, la direction de Bayer avait demandé à ses actionnaires de lui faire confiance. Oui, le rachat – annoncé en septembre 2016 - de l’entreprise américaine Monsanto était une bonne idée, oui, il serait bouclé avant la fin de l’année. Mais depuis quelques jours, le siège de Leverkusen est en branle. Car la Commission européenne a décidé d’ouvrir une enquête approfondie sur cette transaction de 66 milliards d’euros, qu’elle juge périlleuse pour le maintien de la concurrence dans les secteurs des pesticides, des semences et des caractères agronomiques. Pourquoi ? Car il s’agit purement et simplement du rachat du champion des semences et des OGM par le numéro deux mondial des pesticides.
Or "les semences et les pesticides sont essentiels pour les agriculteurs et, en définitive, pour les consommateurs, a rappelé la commissaire chargée de la politique de la concurrence, Margrethe Vestager. Nous devons garantir une concurrence effective, de manière à permettre aux agriculteurs d’avoir accès à des produits innovants de meilleure qualité et à des prix compétitifs".
D’autant qu’entre temps, deux autres unions spectaculaires ont eu lieu dans le secteur. Les chimistes américains Dow et Dupont sont en cours de fusion pour donner naissance à trois entités spécialisées, dont une pourrait devenir le numéro deux mondial des semences et numéro trois des pesticides. Quant au suisse Syngenta, concurrent direct de Monsanto, il vient d’être croqué par le chinois ChemChina pour 43 milliards de dollars. Pour obtenir l’aval des autorités des différents pays, ces derniers avaient donc consenti à quelques cessions d’activités ou de produits.
Bruxelle a lancé Une enquête approfondie
Pour convaincre Bruxelles, Bayer avait pourtant présenté cet été de nouveaux engagements. La Commission européenne avait alors prolongé de deux semaines sa première évaluation de l'opération, la faisant courir jusqu'au 22 août. "Il faut préserver un environnement dans lequel les entreprises peuvent innover et investir dans des meilleurs produits", précisait-elle alors. Son choix de lancer une enquête approfondie devrait finalement repousser sa décision sur le dossier au 8 janvier 2018.
Pourquoi un tel acharnement ? Car dans ce secteur où le développement de nouveaux produits flirte avec la dizaine d’années (entre la R&D et les différents essais à réaliser pour rassurer sur leur efficacité, leur impact sur l’homme et l’environnement…) et réclame plusieurs centaines de millions d’euros, Bruxelles craint qu’un tel mariage ne dresse d’infranchissables barrières à l’entrée pour de plus petits acteurs. Et, n'entraîne de ce fait "une hausse des prix, une baisse de la qualité, une réduction du choix et un recul de l'innovation". "En Allemagne, il y a plus d’une centaine d’entreprises de semences, c’est sans doute le cas également en France : nous ne serons qu’une partie de la solution", répliquait en février dernier Liam Condon, le patron de la division agrochimie (Cropscience) de Bayer, interrogé par L’Usine Nouvelle. Surtout lorsqu’on voit le dynamisme des fonds d’investissements et des entreprises high tech sur ce créneau."
Mais si le chinois ChemChina était peu présent en Europe dans le domaine de l’agrochimie, - excepté avec son activité de génériques Adama -, Monsanto et Bayer réalisent pour leur part un chiffre d’affaires important sur le Vieux Continent. Rien que dans l’Hexagone, Monsanto dispose de 521 salariés et onze sites. La France est aussi la sixième filiale du groupe Bayer. Elle y réalise 1,5 milliard d’euros de chiffre d'affaires (entre ses activités pharmaceutiques, chimiques et agrochimiques) via 3 300 salariés.
Gaëlle est rédactrice en chef adjointe du site internet de L'Usine Nouvelle, et cheffe du service web, depuis 2018. Elle avait auparavant suivi les industriels de la pharmacie, des dispositifs médicaux, de la cosmétique et de la chimie, puis ceux de l'agroalimentaire et de l'agrochimie comme cheffe de rubrique pour le magazine et le site depuis 2011. Elle exerçait précédemment pour le magazine économique Option Finance, après avoir effectué des piges pour l’Expansion et travaillé aux Echos, au Monde, à La Croix et à Ouest-France. Elle est titulaire d’un master professionnel de journalisme de l’Institut Français de Presse et diplômée de Sciences-Po Rennes (section économie-finances).
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