Pourquoi la DGA et Bpifrance investissent dans les PME de la défense
Les deux partenaires DGA et Bpifrance ont lancé Definvest, un fonds d’investissement de 50 millions d’euros. A la fois pour doper la croissance des pépites technologiques du secteur de l'armement, mais également pour éviter qu’elles ne tombent entre des mains étrangères.
La DGA et Bpifrance ont officiellement lancé leur fonds d’investissement Definvest abondé à 50 millions d’euros pour venir en aide aux PME du secteur de la défense. L’annonce a été effectuée vendredi 20 novembre au ministère des Armées devant un parterre de dirigeants de grands groupes et de PME. "Definvest est l’outil qui nous manquait. Il permet d’accompagner les pépites technologiques un cran plus loin dans leur développement et en investissant durablement en elle. (…) Il sera là notamment pour accompagner les phases de développement et d’industrialisation particulièrement lourdes et exigeantes et de consolidation sans avoir recours à des fonds étrangers", a précisé à cette occasion la ministre des Armées Florence Parly.
5 années pour développer un produit
La création de ce fonds vient compenser la frilosité des investisseurs classiques qui souvent craignent pour leur image en investissant dans le domaine de l’armement. Mais pas seulement. "Pour les investisseurs, la Défense fait un peu peur. Les cycles économiques de la défense sont plus longs que ceux du civil. Dans le civil, un investisseur a en tête un retour sur investissement de cinq années. Dans la défense, cinq années c’est juste pour développer un produit. Les cycles sont au moins 30% à 50% supérieur", explique Thierry Gaiffe, PDG de la PME Elno qui fabrique des systèmes de communication pour les soldats.
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Sa société basée à Argenteuil (Val d'Oise) qui a développé dès 2011 sur fonds propres une nouvelle gamme de produits pour le programme d’armement terrestre Scorpion, ne réalisera ses premières livraisons qu’en 2018. Toutefois, le secteur a ses avantages notamment en matière de visibilité. Les commandes s’étalent sur une quinzaine d’années avec à la clef et des contrats de maintenance.
350 entreprises stratégiques
50 millions d’euros pour aider les 4000 PME de la défense, est-ce suffisant ? Evidement non. Le fonds soutiendra en priorité les 350 pépites stratégiques qui disposent de technologies de rupture en termes d’applications militaires. Bpifrance vise un investissement moyen entre 2 et 3 millions d’euros par projet. De quoi espérer initier un effet boule de neige. D'une part, les fonds privés devraient abonder pour autant. Et d’autre part, les banques accorder plus facilement leurs soutiens financiers.
"Bpifrance se positionne comme un investisseur coach. L’investissement n’est qu’un point de départ. On reste actionnaire en moyenne six ou sept ans. Ce qui manque, ce n’est pas uniquement de l’argent, ce sont aussi beaucoup de conseils et d’accompagnement pour aider les entreprises à diversifier leur offre, aller à l’international, améliorer leurs performances commerciales, engager leur transformation numérique", a précisé Fanny Létier, directrice exécutive à la direction fonds propres PME de Bpifrance.
Des savoir-faire convoités
Definvest possède également un volet défensif. Ces dernières années, quelques pépites technologiques sont passées sous pavillon étranger. Parmi elles, le fabricant de composants électroniques Tronics repris par le géant japonais TDK en 2016; le spécialiste dans la traduction automatique de langues rares Systran racheté en 2014 par le sud-coréen CSLI, ou encore l’activité optronique de 3S Photonics tombée dans l’escarcelle du chinois O-Net Technologies en 2014. En entrant au capital des pépites technologiques, la DGA compte protéger leur savoir technologique et favoriser éventuellement un rapprochement avec un grand industriel tricolore.
Le nouveau fonds devait dépasser rapidement les 50 millions d'euros. La ministre des Armées a invité les grands industriels à soutenir Definvest en termes de moyens de de compétences. Plus globalement, Florence Parly a confirmé son intention de passer le budget des études amont de 750 millions à 1 milliard d’euros. "Ce budget supplémentaire doit être utilisé différemment. Pas simplement pour conduire des études avec les grands acteurs habituels de l’industrie de défense. Je souhaite que le ministère soit plus ouvert sur les PME", a-t-elle déclaré.
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