La conférence sociale, qui s’ouvre ces jours-ci, n’accorde aucune place particulière à l’industrie. Il n’y a pas, comme l’année dernière, de table ronde consacrée au redressement productif. Non, cette année, les partenaires sociaux et les représentants de l’État ont préféré concentrer leurs discussions sur six sujets : la réforme de la formation professionnelle, la qualité de vie au travail, les emplois de demain, l’efficacité de l’action publique, l’Europe sociale et les retraites.
Dans toutes ces tables rondes, on parlera sans aucun doute de l’industrie mais ce que l’on peut espérer surtout, c’est que son état d’esprit imprègne les travaux de cette deuxième conférence de l’ère Hollande. Les valeurs qui ont cour dans nos usines doivent inspirer les négociateurs. À commencer par le souci du long terme qui guide l’action de nos capitaines d’industrie, particulièrement ceux des entreprises de taille intermédiaire. Cette vertu doit s’appliquer notamment dans le dossier des retraites. Il faut engager une réforme pour 15 ou 20 ans au moins et ne pas tomber dans un consensus mou qui obligerait à remettre dans deux ans la réforme sur le métier. Cela suppose d’accepter sacrifices et concessions de tous les bords. Les régimes spéciaux n’étant pas seulement un privilège du secteur public.
On ne cotise pas pour soi mais pour les autres
Pour réformer en profondeur, il faudra aussi une bonne dose de pragmatisme. L’idéologie qui guide les pas de certaines organisations doit être bannie pour laisser de la place aux idées nouvelles et concrètes. Sur la formation ou l’emploi, il faudra accepter d’expérimenter de nouvelles approches et d’adapter les réponses à chaque bassin d’emploi, à chaque public, d’écouter en fait les besoins et les « clients » pour en finir avec cette fatalité.
Il faudra également faire preuve de persévérance et de constance. Et même si cela peut sembler un brin naïf, il faudra aussi faire preuve de solidarité. Cette vertu, industrielle s’il en est, est la clé de voûte du modèle social français. On l’oublie trop souvent mais on ne cotise pas pour soi mais pour les autres. Pour ses parents en matière de retraite, pour ceux qui sont licenciés en matière de chômage, pour ceux qui sont malades en matière de santé. Sommes-nous encore prêts à jouer le jeu de cette grande péréquation nationale, c’est finalement la question qui nous est posée.
Thibaut De Jaegher