Pourquoi l'éco-contribution est-elle plus chère sur du plastique biosourcé ?
La start-up Yumi, qui commercialise des jus de légumes, a eu une surprise en optant pour des bouteilles en plastique PLA biosourcé. L’éco-contribution est assortie d’un malus sur ces emballages... contrairement au plastique PET classique. Un non-sens pour l’environnement ? Citeo est l’entreprise agréée par l’Etat pour collecter l’éco-contribution et mettre en oeuvre la filière de recyclage. Antoine Robichon, son directeur clients et stratégie, s'explique auprès de L'Usine Nouvelle sur cette polémique.
Dans le secteur confidentiel du recyclage, la mésaventure de la start-up Yumi vient interroger les pratiques de l’économie circulaire. Après avoir opté pour des emballages en plastique biosourcé, Yumi a fait part à BFM Business de sa surprise : l’éco-contribution acquittée par les entreprises est plus importante pour du plastique biosourcé et compostable... que pour du plastique PET aujourd’hui majoritaire. Citéo, l’entreprise agréée par l’Etat pour collecter l’éco-contribution et mettre en oeuvre la filière de recyclage, nous explique les problématiques des recycleurs.
L’Usine Nouvelle - Comment expliquer la taxe exercée sur les emballages en plastique PLA biosourcé ?
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Antoine Robichon - L’éco-contribution dépend du matériau et du poids de l’emballage. Au-delà de ce tarif, il y a un système de bonus-malus pour inciter nos clients à avoir des emballages qui perturbent le moins possible les filières de recyclage. Par exemple, certaines bouteilles en verre ont des éléments en céramique. Après être passées dans le four du verrier, les nouvelles bouteilles pourront avoir des points noirs à cause de ces bouchons. C’est un défaut de qualité donc elles devront être mises à la casse et c’est une perte de matière. A l’origine ce système de bonus-malus visait les bouteilles en PVC, le plastique biosourcé n’était pas visé. Les bonus-malus sont aujourd’hui fixés par les pouvoirs publics
Yumi pose à la filière du recyclage une bonne question : le plastique PET pose des problèmes de fin de vie s'il n'est pas trié, dans l’océan notamment, alors pourquoi les bouteilles en plastique PLA d’origine biosourcée et compostable paieraient plus cher ? Mais aujourd’hui, la plupart des bouteilles de boissons sont en PET, pour lequel il y a une filière. En revanche, quand on met une bouteille de PLA dans une filière de PET, cela pose problème et perturbe le recyclage. On perd alors beaucoup de matière.
Y-a-t-il une possibilité de filière de compostage industriel dans laquelle le PLA pourrait s’intégrer ?
Les bouteilles PLA représentent 100 tonnes sur le marché français, alors qu’on parle de 300 000 tonnes de PET. Nous ne savons pas comment le PLA va évoluer et nous ne savons pas s’il va devenir prépondérant. Une filière de recyclage, ce sont des acteurs qui investissent seulement s’il y a des volumes importants. Aujourd’hui, vu le faible tonnage, il n’y a pas d’engouement pour investir.
En Allemagne, il y a eu des essais pour trier les emballages compostables mais les filières de compostage industriel ne voulaient pas vraiment de ces bouteilles. Elles devaient avoir des soucis sur les bouchons et sur le mélange des bouteilles si le tri n’est pas très bien fait.
Nous réfléchissons à la question de la création d’une filière de biodéchets en France, avec les restes de nourriture et les déchets verts. Le jour où cette filière se développera, cela peut être un exutoire intéressant pour la bouteille de PLA. Mais si la filière biodéchets consiste en du compostage à domicile, la bouteille en PLA ne pourra pas y aller. Il lui faut un processus de compostage industriel avec une pression et une température précises. Ou alors il faut travailler plutôt sur une filière de recyclage pour ces bouteilles.
Comment intégrez-vous les démarches d’innovation dans vos projets, malgré ces problématiques économiques ?
C’est une question que Citeo ne peut pas se poser seul. Nous parlons avec nos clients pour savoir ce qu’ils imaginent en terme d’évolution de plastiques. Des recherches sont faites sur d’autres plastiques que le PLA, comme la résine PEF biosourcée. Qui dit innovation, dit avantage concurrentiel. La difficulté pour nous est d’arriver à avoir le bon niveau de confiance avec nos clients pour qu’ils nous parlent de leurs projets très tôt et que nous trouvions des filières à ces nouveaux matériaux.
En plus de cela, il faut parvenir à disposer de volumes suffisants. Parfois ce sont des secteurs qu’il faut arriver à faire basculer. Sur les sacs plastiques biodégradables, c’est justement parce que toute la distribution est passée sur ces sacs que ce n’est plus devenu un problème.
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