Pourquoi l'ASN a placé la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire sous surveillance renforcée
Le renforcement du contrôle de l'ASN sur la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher) n'étonne pas ses opposants, ni ses salariés. Ce site est l'un des premiers en France à bénéficier du grand carénage.
Le placement sous surveillance renforcée de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher) par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) mercredi 13 septembre ne surprend personne, ni du côté des syndicats, ni du côté des associations de protection de l'environnement. La hausse du nombre d'incidents est connue de tous puisque les avis de l'ASN sont consultables en ligne sur son site. "En 2016, deux incidents ont provoqué des arrêts soudains de réacteurs. EDF n'a jamais communiqué sur les causes", précise toutefois Catherine Fumé, administratrice du réseau Sortir du nucléaire.
Plainte pour 34 infractions en 2015
En février 2015, ce collectif antinucléaire avait déposé une plainte pour 34 infractions. Pêle-mêle, il dénonçait des atteintes à l'environnement, à la santé des riverains et des salariés, des entorses au droit du travail en se basant sur un rapport déjà alarmant de l'ASN portant sur l'année 2014. "Le procureur du tribunal de Bourges a simplement prononcé un rappel à la loi envers EDF et il a classé le dossier sans suite", se lamente la militante.
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Toutefois, la justice commence à évoluer, souligne Sortir du nucléaire. "La direction de la centrale nucléaire de Chinon a été condamnée pour des faits semblables au printemps", rappelle Catherine Fumé.
Huit incidents en 2016
A Belleville-sur-Loire, l'ASN a relevé huit incidents en 2016. Elle a demandé des explications à l'exploitant, qui sont arrivées tardivement. "Comme nous sommes à la bourre sur beaucoup de dossiers, nos chefs n'ont pas eu le temps de répondre à temps à l'ASN. C'est pas pour autant que nous sommes hors la loi", clame un salarié d'EDF syndiqué à la CGT.
Sortir du nucléaire n'est pas aussi sereine. "Les problèmes sont récurrents ici. Il faut se rappeler que l'enceinte de confinement du réacteur n°1 est poreuse à cause du sable de mauvaise qualité utilisé pour le béton à l'époque de sa construction. Ce qui n'a pas empêché EDF de l'utiliser", assène Catherine Fumé, qui n'a pas souvenir d'une étude sur les rejets de tritium dans la Loire.
La mise sous surveillance renforcée par l'ASN se traduira par des contrôles supplémentaires et une nouvelle inspection de contrôle aura lieu en 2018. Par ailleurs, EDF poursuit sur ce site un lourd travail de rénovation, qui inaugure le grand carénage, représentant peu ou prou 1 milliard d'euros de travaux par site. Fin août, Jean-Marie Boursier, directeur de Belleville-sur-Loire, a présenté un programme commun avec l'Etat et la région Centre-Val de Loire qui vise à mieux associer les PME de la région à ce vaste chantier.
Stéphane Frachet
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