Malgré la renommée de ses robots d’assistance aux chirurgiens, l’entreprise montpelliéraine Medtech a dû accepter cette semaine de se faire racheter par le géant américain de la chirurgie orthopédique Zimmer Biomet, faute de n’avoir pas su trouver de partenaires financiers français à la hauteur, raconte son fondateur et PDG, Bertin Nahum, dans une tribune pour L'Usine Nouvelle.
"Je reste absolument convaincu de tous les atouts dont bénéficie la France pour le développement de l’innovation : créativité, excellente formation des salariés, fiscalité avec le Crédit Impôt Recherche, de nombreuses solutions de subventions à l’innovation... Mais l’environnement est tout autre pour le financement en haut de bilan.
J’ai fondé Medtech il y a quatorze ans et mis huit ans avant de convaincre un premier partenaire financier, un tout petit fonds parisien, d’accompagner la croissance de la société. Un fonds d’investissement régional est entré en 2012 au capital, prenant un petit ticket et réalisant une belle opération financière en revendant la totalité de ses actions Medtech en bourse il y a trois mois.
Des miracles avec des moyens huit à dix fois inférieurs à ceux de nos concurrents
Ainsi, alors que le carburant financier est absolument indispensable pour une société comme Medtech, mes équipes et moi avons toujours été extrêmement seuls dans la création de valeur. Nous nous sommes battus et avons réalisé des miracles avec des moyens huit à dix fois inférieurs à ceux de nos concurrents. Cela ne nous empêche pas de vendre déjà plus de robots que notre concurrent israélien Mazor, bien que ce dernier soit coté au Nasdaq, dispose d’une capitalisation boursière cinq fois supérieure à la nôtre et d’investissements colossaux (plus de 100 millions de dollars depuis sa création). Mazor a par ailleurs annoncé il y a quelques mois un partenariat stratégique avec l’équipementier géant américain Medtronic (20 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2015).
Alors que nous avons bénéficié de visibilité et d’un joli succès auprès du grand public, Bpifrance (la banque publique d’investissement, ndlr) n’a investi que 2 millions d’euros sur les 20 que nous avons levés lors de notre introduction boursière en novembre 2013. Or sur ces 20 millions, moins d'un quart de cette somme a été apporté par des fonds d'investissement français! Est-ce que l’on va réussir à créer des acteurs de dimension internationale avec cette réalité ? Et comment faire sur un marché en pleine concentration, face à des acteurs des technologies médicales qui lèvent des centaines de millions d’euros ?
Un fonds américano-hongkongais a accepté d’investir 15 millions de dollars dans Medtech en décembre 2015. La prochaine étape pour Medtech aurait été d’aller chercher le capital là où il est : en se cotant au Nasdaq aux Etats-Unis. Des fonds américains seraient alors entrés au capital de la société. De fait, le capital de Medtech aurait été majoritairement détenu par des fonds étrangers.
Pérenniser l’emploi, l’activité et l’ancrage français
J’ai donc résolument choisi de maitriser la façon dont j’allais perdre le contrôle de la société. L’industriel américain Zimmer Biomet, (à qui j’avais refusé une offre de rachat de Medtech il y a dix ans mais accepté de vendre un portefeuille de brevets pour financer notre technologie ROSA®) est revenu avec un projet industriel extrêmement pertinent et intéressant. Offrant la garantie de préserver notre activité sur notre territoire et même de la développer avec des investissements significatifs ! Zimmer Biomet veut faire de Medtech à Montpellier le centre d’excellence des activités robotiques du groupe, et créer des dizaines emplois, tout en accélérant la diffusion de ROSA®.
Mon choix, je l’ai fait dans l’intérêt de la pérennisation de l’emploi, l’activité et l’ancrage français, et pour ne pas laisser péricliter mon entreprise. J’entends déjà dire "encore une société française rachetée par un Américain", mais où sont les investisseurs français ?"
Bertin Nahum, est le fondateur et PDG de Medtech depuis 2002. Il dirigera le développement des activités robotiques du groupe américain Zimmer, dont le centre d’excellence sera basé à Montpellier.
Gaëlle est rédactrice en chef web de L'Usine Nouvelle. Entre 2011 et 2018, elle a suivi les industriels de la pharmacie, des dispositifs médicaux, de la cosmétique et de la chimie, puis ceux de l'agroalimentaire et de l'agrochimie pour le magazine et le site. Formée aux Echos, au Monde, à La Croix et à Ouest-France, elle travaillait précédemment au sein du magazine Option Finance et pour l’Expansion. Elle est titulaire d’un master professionnel de journalisme de l’Institut Français de Presse et diplômée de Sciences-Po Rennes (section économie-finances).
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