Pourquoi Alain Thébault tient mordicus à mettre de l'hydrogène dans ses Sea Bubbles
Alors que la start-up Seabubbles mène une nouvelle expérimentation de ses taxis volants sur la Seine, du 16 au 20 septembre, Alain Thébault veut développer une motorisation alimentée à l’hydrogène plutôt que de se contenter des prototypes à batteries. Au point de faire remplacer son cofondateur et président de la start-up, Anders Bringdal. Il s'en explique à Industrie & Technologies.
Industrie & Technologies : Alors qu'une nouvelle phase de test est en cours, pourquoi tenez-vous à revoir les prototypes pour les faire fonctionner à l'hydrogène ?
Alain Thébault : Nous avons un bateau qui vole parfaitement mais nous ne sommes pas encore mûrs sur le volet énergie. Les prototypes des Sea Bubbles utilisent des batteries. Or une batterie est lourde et nécessite un temps de temps de charge long. L'hydrogène est plus léger, d’abord. Mais le grand avantage de la pile à hydrogène est surtout de permettre une autonomie supérieure pour un temps un temps de charge inférieur. Prenez un taxi Hype à Paris [un taxi équipé d’un moteur hydrogène lancé en décembre 2015 pendant la COP 21, ndlr]. Il a un temps de charge de 6 min pour environ 600 km d'autonomie. Une Tesla avec 500 km d'autonomie, en revanche, aura besoin d’un temps de charge d'1h20.
La pile à combustible n’est-elle pas une technologie encore trop peu éprouvée et trop coûteuse pour la déployer dans vos Bubbles ?
Cette technologie est maîtrisée, notamment par deux grands groupes français, avec qui nous discutons : Air Liquide et Michelin, via sa filiale Symbio. Axane, une filiale d’Air Liquide, a produit les piles à combustible du traineau de l’explorateur Jean-Louis Etienne. Ce dernier m’a dit : « Les batteries, c'est bien pour démarrer, mais je suis allé avec mon traineau au Pôle nord et si j'avais dû mettre des batteries dans mon traineau, je serais mort là-haut. » Symbio, de son côté, fabrique des piles à combustibles pour les Kangoo de La Poste. Il y en a plusieurs centaines qui opèrent et cela fonctionne très bien.
Quant au coût, c'est toujours la même chose : quand on a une technologie nouvelle, c'est un peu cher. Puis, plus on en produit, moins cela coûte cher. Prenez la Tesla Model S : elle coûtait 100 000 euros à sa sortie et aujourd'hui la Model 3 ne vaut plus que 40 000 euros.
Votre cofondateur, Anders Bringdal, semble attaché à l’idée de commercialiser des Sea Bubbles à batterie…
Nous arrivons à un changement majeur chez Seabubbles : à chaque étape de la start-up correspond des profils et des dirigeants. Avec mes filles, nous sommes propriétaires à 65% de cette start-up et nous avons décidé de proposer au prochain board la nomination d'un vrai industriel pour en prendre la direction et accompagner la phase de l'hydrogène. Je viens d’ailleurs de rencontrer le vice-président d'un grand groupe qui va probablement accepter le poste.
A terme, l'idéal pour Seabubbles serait d’offrir les deux solutions en fonction des endroits : la batterie là où il y a de quoi se brancher et l'hydrogène là où il y a des stations - comme la station Hype d'Air Liquide au cœur de Paris, ou encore en Californie, au Japon ou, bientôt, à Monaco.
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