Pourquoi Airbus affiche de bons résultats 2018… en trompe l’œil
Airbus a passé le cap des 800 avions livrés en 2018, un objectif qui avait été fixé en 2017. Mais l’avionneur européen comptabilise 20 A220, l’ex CSeries tout juste racheté auprès de Bombardier.
Vingt-quatre heures après Boeing, Airbus déclare à son tour, mercredi 9 janvier, avoir passé le cap historique des 800 avions livrés. Pas un de plus, pas un de moins ! Si Boeing s’enorgueillit de 806 livraisons, l’avionneur européen parvient en apparence avec ce chiffre rond à atteindre l’objectif que ses dirigeants s’étaient fixé en atteignant en 2018 ce seuil historique, bien supérieur aux 763 avions livrés en 2017.
Reste que ce chiffre intègre 20 A220, la nouvelle famille du groupe issue du rachat du programme CSeries auprès du canadien Bombardier. Sans compter ces A220, Airbus n’a donc livré en 2018 que 17 appareils de plus qu’en 2017. C’est bien moins que son grand rival américain qui a fait un bond de livraison entre 2017 et 2018 de 43 appareils.
VOS INDICES
source
Un trou d'air dans les commandes
L’avionneur européen a dû faire face à de nombreuses difficultés chez certains de ses fournisseurs, les motoristes au premier chef, limitant de facto la hausse de cadences de production de son best-seller, l’A320. Airbus a livré 626 A320, contre 558 en 2017. Le groupe est aussi parvenu à assurer la montée en puissance de l’A350, avec 93 livraisons, contre 78 en 2017. Mais les autres programmes ont piqué du nez. C’est le cas de l’A330, qui comptabilise 49 livraisons, soit 18 de moins qu’en 2017, et de l’A380 dont la baisse programmée de cadences amène le niveau de livraisons à 12 appareils, contre 15 l’année précédente.
Mais plus encore que sur les livraisons, terrain sur lequel Boeing domine largement depuis l’année 2012, les résultats commerciaux dévoilés par Airbus laisse voir un trou d’air significatif également du côté des commandes, là où généralement l’avionneur européen parvenait à tirer son épingle du jeu ces dernières années. Airbus annonce avoir engrangé en 2018 un total de 747 commandes nettes, bien moins que les 1109 commandes de 2017. Et bien moins également que Boeing, qui a enregistré 893 commandes en 2018. Mais, là encore, en déduisant les 135 commandes nettes d’A220, Airbus n’a réalisé que 612 commandes nettes en 2018 avec ses familles historiques, dont 541 pour la seule famille A320. En 2017, cette seule famille représentait 1054 commandes...
Près de 7600 appareils à produire
Même dans le segment des monocouloirs où il est roi, Airbus engrange moins de commandes en 2018 que son adversaire qui a annoncé avoir vendu 675 exemplaires de son 737. Et les autres programmes ne parviennent pas, malgré la légère hausse de leurs commandes, à inverser la tendance avec 27 A330 commandés (21 en 2017), 40 A350 (36 en 2017) et 4 A380 (2 annulations en 2017)… Il faut remonter à 2010 pour retrouver un niveau de commandes global aussi bas pour Airbus, année où l’industriel avait fait état de 574 commandes nettes. Pour mémoire, l’avionneur a, au cours des années 2010, dépassé plusieurs années les 1400 commandes nettes, en 2011, 2013 et 2014.
In fine, l’issue du match 2018 qui oppose comme de coutume chaque année les deux géants de l’aéronautique est sans appel : Boeing gagne par K.O., tant au niveau des livraisons que des commandes. Seule consolation de ce côté de l’Atlantique, Airbus peut compter sur un carnet de commandes jamais vu dans l’histoire aéronautique, avec au total 7577 appareils qui restent à livrer. Très loin devant Boeing et ses 5873 appareils. Une satisfaction pour la nouvelle équipe dirigeante du groupe qui est en train de se mettre en place, avec en particulier l'arrivée de Guillaume Faury à la tête du groupe au printemps, et qui va s'atteler à ce qu'Airbus rejoigne les cimes industriels le plus vite possible.
SUR LE MÊME SUJET
3Commentaires
Réagir