Alors que le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques devient un enjeu majeur de santé publique, les tests rapides de dépistage et diagnostic développés par les industriels restent sous-utilisés. Des praticiens ont publié mercredi 16 novembre un livre blanc pour leur déploiement.
L'innovation est là. Face au développement de bactéries résistantes aux antibiotiques, les industriels des dispositifs médicaux ont développé des tests rapides de dépistage et diagnostic. Mais ces tests restent aujourd’hui sous-utilisés. Face à ce constat, des bactériologues et infectiologues, praticiens hospitaliers, ont publié mercredi 16 novembre un livre blanc pour leur déploiement. "Ces tests sont essentiels car plus on répond vite à la question de savoir si une bactérie est présente et laquelle, plus on évite une antibiothérapie inutile et on peut ajuster le bon traitement", explique Brigitte Lamy, bactériologiste au CHU de Nice et co-auteur de ce receuil de propositions intitulé "Les tests rapides, outils essentiels de la lutte contre l’antibiorésistance".
Les examens rapides aujourd’hui disponibles sont de trois ordres : les tests d’orientation diagnostique qui se font en cabinet médical et dans un établissement de soins permettent de distinguer les infections virales, sans traitement antibiotique, de celles qui sont bactériennes ; les tests de dépistage pour identifier d’éventuels porteurs sains avant une chirurgie afin de les traiter préventivement ; les tests de diagnostic pour identifier le type de germe et sa sensibilité aux antibiotiques.
Peur que les industriels cessent d’innover
Si aucun chiffre ne permet de quantifier leur utilisation, les retours de patients et résultats d’enquêtes qualitatives indiquent que très peu de praticiens ou centres de soins réalisent aujourd’hui ces tests. "Certaines start-up développent leurs tests innovants en France mais sont ensuite obligées d’aller les vendre à l’étranger faute de débouchés ici", s’indigne Claire Poyart, chef du service de bactériologie du groupe hospitalier Cochin, à Paris, et qui intervient notamment dans l'incubateur de l’établissement. "Si ces tests ne sont pas financés et soutenus par les pouvoirs publics, ils vont rester dans les cartons et les industriels n’iront pas plus loin", s’inquiète de son côté Alain-Michel Cerrati, président d’honneur et fondateur du Lien, une association d’aide aux victimes d’accidents médicaux.
Pour expliquer cette sous-utilisation, il y a bien sûr la question du coût et de l’accès à ces innovations alors que beaucoup de ces tests rapides ne sont pas remboursés. Aujourd’hui, seuls les dépistages traditionnels, à savoir en culture et qui prennent donc plusieurs jours voire plusieurs semaines, sont inscrits dans la Nomenclature des actes de biologie médicales (NABM), qui permet le remboursement. Parmi les propositions qu’ils formulent dans leur livre blanc, les praticiens demandent donc que les tests rapides équivalents à des tests de référence soient automatiquement intégrés dans la NBAM.
Éduquer le grand public
Mais le coût n’explique pas tout. Un test d’orientation diagnostique, qu’un médecin généraliste peut par exemple faire sur un patient atteint d’une angine, lui est donné gratuitement par la sécurité sociale. Et le résultat est obtenu en seulement 15 minutes. Pourtant, beaucoup de praticiens préfèrent encore traiter à la fois les causes virale et bactérienne sans savoir qu’elle était la bonne. Ce qui contribue à maintenir notre surexposition aux antibiotiques, l’une des causes de l’antibiorésistance.
Aider à changer les perceptions et les habitudes des professionnels de santé, éduquer le grand public et organiser des modalités de financement adaptées pour ses innovations font ainsi partie des propositions de ce livre blanc. Ses auteurs appellent plus globalement à une forte mobilisation des pouvoirs publics et de la sécurité sociale autour de ces outils de lutte contre un fléau. A l’horizon 2050, l'antibiorésistance pourrait tuer davantage que le cancer selon l’Organisation mondiale de la santé.
Après avoir suivi la santé, les cosmétiques et la chimie le temps d’un remplacement, Marion a intégré la rédaction de L’Usine Nouvelle en mai 2017 pour se plonger dans les mécanismes de production, de la machine-outil à la robotique en passant par les logiciels informatiques. Cheffe du service Innovation et industrie du futur depuis septembre 2019, elle scrute l’actualité des nouvelles technologies, observe ceux qui les développent et leur arrivée dans les usines, que ce soit à travers des dossiers ou dans la chronique Science-Friction. Diplômée de masters en sociologie et en journalisme (obtenu au Cuej à Strasbourg), elle est passée par les rédactions web de TF1 et du Monde, puis a collaboré comme pigiste à des titres tels Socialter, M le magazine du Monde, Alternatives économiques, Management ... Ses obsessions du moment : tech for good, diversité et éthique.
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