Pour éviter les accidents, la filière drone veut répertorier les vols en temps réel
Face à l’augmentation des risques d’incidents, la filière des drones civils pousse au développement d’une solution numérique collaborative recensant en temps réel la localisation des drones. Une initiative qui existe déjà aux Etats-Unis.
Une "menace réelle et croissante" pour la sécurité des avions de ligne. Voilà comment l'Association internationale du transport aérien (Iata) vient de qualifier les drones civils. Avec 921 incidents enregistrés dans le ciel américain par l’Université de Bard entre décembre 2013 et septembre 2015, ainsi que les 79 vols illicites répertoriés en France par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) en octobre 2015, la filière du drone civil redoute l’accident probable impliquant un amateur – inconscient ou mal intentionné – qui fera tanguer la précaire économie d’un marché amateur et professionnel en train de se développer.
"Nous souhaitons responsabiliser les amateurs", lance Stéphane Morelli, président de la Fédération Professionnelle du Drone Civil (FPDC). La solution concrète et simple que la filière souhaite voir apparaître : une application collaborative sur smartphone, basée sur la bonne volonté des utilisateurs qui déclarerait leurs vols. A l’image de Flightradar24, elle permettrait de visualiser en permanence les vols de drones et de faire savoir aux autorités publiques si des usages dangereux menacent un site ou un avion. Et de signaler aux dronistes si leurs engins évoluent dans une zone à risque ou non.
VOS INDICES
source
Le budget reste à trouver
Si cette application n’éviterait pas les actes malveillants, elle développerait chez les autres utilisateurs une prise de conscience de leur insertion dans l'espace aérien. Et le président de la FPDC de vanter l’initiative américaine de la Federal Aviation Administration (FAA) : elle a lancé au printemps 2015 l'application B4UFLY, autrement dit "before you fly" (avant de voler). "C’est un autre élément important de nos efforts d'éducation et de sensibilisation pour promouvoir une culture de la sécurité et de la responsabilité pour la communauté des dronistes", estime la FAA dans un communiqué.
"En terme de technologie, cette solution n’est pas compliquée, argue Stéphane Morelli. Je ne doute pas de son efficacité dans une communauté composée de nombreux geeks. Mais ce qu’ils nous manquent, c’est un budget et une procédure de mise en route industrielle du projet". Alors que le président de la FPDC s’attend à devoir convaincre les pouvoirs publics dans les prochains mois sur le bien fondé de cette solution, la loi sur les drones, qui régira le cadre législatif de leur utilisation – à distinguer de la réglementation – va être élaborée tout au long de l’année 2016.
Cette loi vise également à limiter les incidents impliquant des drones civils. Elle devrait reprendre en partie les préconisations écrites dans le rapport du SGDSN rendu public mercredi 21 octobre 2015. A savoir : un système d’enregistrement des drones à l’achat (comme les Etats-Unis viennent aussi de l’imposer), la mise en place d’un signalement électronique d’identification (qui va être expérimenté par un groupe de travail dédié) et une base minimale de formation. "Pour sécuriser l’usage du drone, il n’y aura pas une solution, mais bien un arsenal de solutions", résume Stéphane Morelli. Qui devra limiter les risques tout en laissant grandir un marché qui ne demande qu’à éclore.
Olivier James
SUR LE MÊME SUJET
1Commentaire
Réagir