Pour Eutelsat, l’espace ne connait pas la crise
Avec un nombre de répéteurs record embarqués (environ 75 répéteurs) sur W7, ce lancement reflète la bonne santé du marché de la télévision par satellite, dont profite à plein Eutelsat. L’opérateur affiche un carnet de commandes de près de 4 milliards d’euros, soit quatre années de chiffre d’affaires. Il vise ainsi 7 % de croissance annuelle sur la période 2009-2012 de son chiffre d’affaires qui a atteint 940 millions d’euros pour son dernier exercice. Pour cela, l’opérateur maintient un fort niveau d’investissement, de l’ordre de 450 millions par an sur cette période.
Outre la forte demande des pays émergents pour bénéficier de bouquets de télévisions toujours plus étoffés, il s’agit pour Eutelsat de saisir toute les opportunités offertes par les dernières technologies de diffusion de la télévision, et notamment la migration des programmes TV vers la haute définition (HD). « La diffusion de film en HD nécessite 2,5 fois plus de capacités qu’en mode classique. Cela impliquera d’augmenter les capacités de diffusion dans l’espace », explique Jean-Paul Brillaud, directeur général délégue d'Eutlesat. Or sur les 3 200 programmes qu’il diffuse, seule une centaine sont aujourd’hui en HD. Avec le développement de la TNT et de la télévision en relief dans un deuxième temps, les opportunités ne manqueront pas pour l’opérateur.
100 millions d'euros de CA par an en plus
Eutelsat cherche toutefois à réduire sa dépendance vis-à-vis des services de télévision qui comptent pour environ 75 % de ses revenus. Il va ainsi se positionner sur les services d’accès Internet par satellite en lançant Ka Sat fin 2010. Eutelsat ciblera ainsi les fournisseurs d’accès désireux de compléter leur couverture ADSL. En effet, on estime en Europe à 15 millions le nombre de foyers ne pouvant bénéficier d’une connexion haut débit du fait de leur éloignement des centraux téléphoniques. Le satellite permettra des débits de 10 Mb/s en téléchargement et de 2 Mb/s en émission pour un forfait maximum d’environ 40 euros et pourra desservir de un à deux millions d’abonnés. Coût de l’investissement incluant le satellite, son lancement et le complément d’infrastructure terrestre : 330 millions d’euros. Le retour sur investissement devrait toutefois être rapide : « On attend un supplément de 100 millions d’euros par an de chiffre d’affaires », explique le dirigeant d’Eutelsat. En France, Orange et SFR se seraient déjà montrés intéressés.
Cependant, le marché satellitaire n’est pas sans risque. Le satellite W2A lancé en avril dernier, a connu un problème dans le déploiement de son antenne servant à offrir des services de télévision sur mobile. « Au lieu de desservir 27 pays européens, nous ne disposons de la capacité que pour couvrir deux pays. Nous pourrions faire le choix de la France et de l’Italie », explique son directeur général délégué. L’opérateur et son partenaire sur ce satellite, SES Astra, espèrent toutefois des assureurs un remboursement à la hauteur de leur investissement commun dans la capacité spatiale dédiée à ce service, soit 130 millions d’euros.
Seule véritable ombre dans le ciel d’Eutelsat, lapénurie au niveau des lanceurs. « En trois ans, les prix ont augmenté de 20 à 30 % », reconnait Jean-Paul Brillaud. D’autant plus que l’un de ses fournisseursl’américain Sea Launch s’est déclaré en faillite l’été dernier et qu’Ariane, par manque de capacités, est loin de pouvoir répondre à toutes ses demandes. D’où le pas franchi par Eutelsat de contracter pour un lancement l’an prochain avec l’industrie chinoise et son lanceur Longue Marche. L’opérateur se dit confiant de la fiabilité de la technologie chinoise tout en bénéficiant de tarifs 30 % moins chers.
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