Portrait. Jean Botti, l'«innovation» chez EADS
Pour mener à bien cette mission, Thomas Enders, co-président exécutif d'EADS et Noël Forgeard, ex-patron du groupe, avaient nommé en avril 2006, Jean Botti au poste de directeur technique d'EADS. Moins d'un an et demi plus tard et malgré « la crise Airbus », cet ancien de chez Renault et de l'équipementier Delphi fait toujours l'unanimité au sein du groupe. « En un an, il a fait un énorme travail. Il nous apporte beaucoup », témoigne Louis Gallois.
Sa première mission a été de faire en sorte que les centres d'innovations du groupe communiquent entre eux et se regroupent par thématique. En clair : « Mon objectif est que l'on arrête de réinventer l'eau chaude dans deux divisions différentes d'EADS », explique Jean Botti. Et ainsi de dégager d'importantes synergies. Pour ce faire, cet ancien de l'automobile a réalisé un inventaire des sites de recherche du groupe. Résultat : 34 d'entre eux travaillaient sur les composites au sein des différentes filiales d'EADS. « Il y avait un CRC (Corporate Research Centre) en France, un CRC en Allemagne, un CRC en Angleterre... ». Pour résoudre cela, Jean Botti a mis en place les EADS Innovation Works, calqués sur les Phantom Works de chez Boeing, et le Réseau R&T, qui permet aux différentes structures de communiquer. « A ce niveau-là, nous avions un peu à apprendre de Boeing, même si nous avons nos propres idées, concède-t-il. Aujourd'hui, tous les problèmes ne sont pas réglés. Mais nous avons fait énormément de progrès ».
Les dates clés de Jean Botti
L'une des priorités pour Airbus est l'environnement, qui touche plusieurs secteurs de recherche. « Pour moi, l'avenir c'est propre. Nous ne referons pas un Concorde, nous ferons autrement », affirme Jean Botti. « Les questions de pollution vont devenir absolument décisives aussi bien au niveau des émissions de gaz que du bruit », poursuit Louis Gallois. Le co-président d'EADS a d'ailleurs récemment appelé de ses vœux un sommet réunissant les patrons des motoristes et des avionneurs pour aborder la question. « Un de nos chantiers est en effet de nous tourner vers l'extérieur », confirme-t-il. « Nous ne sommes ni des motoristes ni des équipementiers, mais des intégrateurs de technologies. Il faut que nous discutions ensemble pour développer des solutions ». De manière générale explique Jean Botti, pour lancer de nouvelles technologies, EADS souhaite miser sur des partenariats, voir des spin-off.
Bertrand Beauté
Priorité à l'environnement
Les émissions de CO2 émanant de l'aviation représentent aujourd'hui 2% du total des émissions produites par l'homme. Pour les réduire, les avionneurs doivent encore faire des efforts en matière de recyclage (avec notamment l'arrivée des puces vertes), mais aussi au niveau l'aérodynamique. L'axe principal de recherche reste l'allègement des avions. L'A380 intègre près de 30% de matériaux composites, l'A350 XWB en aura 51%. « La marge potentiel de progrès sur ces matériaux est énorme », estime Jean Botti.Reste les moteurs, dont il faut réduire la consommation avant - pourquoi pas - de les remplacer par des technologies moins polluantes. Une des possibilités envisagées serait la pile à combustible. « Nous regardons, mais c'est l'industrie automobile qui va les développer avant nous, estime Jean Botti. Pour l'instant, nous sommes trop pénalisés par leur rapport poids / puissance et leur fiabilité ».
B.B.