Pollutions plastiques : un zéro pointé des parlementaires
Un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques pointe une pollution importante, des politiques publiques parfois contre-productives et un manque de cadre national.
« Pollutions plastiques : une bombe à retardement ? ». C’est le titre du rapport rendu public ce lundi 14 décembre par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst). Un document conséquent de plus de 300 pages qui dresse un tableau alarmant des pollutions dues aux plastiques disséminés dans la nature et pointe des politiques publiques trop récentes et trop timides pour être efficaces.
« Il apparaît urgent de faire jouer le principe de précaution et de prendre dès maintenant des mesures adaptées pour lutter contre les fuites de plastiques dans l’environnement », notent ainsi les rapporteurs, la sénatrice PS du Lot Angèle Préville et le député MoDem du Maine-et-Loire Philippe Bolo.
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L’Opecst avait été saisi par le Sénat en avril 2019. Quelques 139 auditions de scientifiques, d’associations, d’agences sanitaires ou d’industriels et 18 visites de terrain ont été menées entre septembre 2019 et juillet 2020. « C’est un travail d’une ambition inédite et d’une ampleur considérable en termes de nombre d’auditions et de temps d’enquête », a insisté le président de l’Opecst, Cédric Villani, à l’entame de la conférence en ligne de présentation à la presse. L’ex-marcheur député de l’Essonne en a profité pour rappeler le caractère bicaméral (18 députés, 18 sénateurs) de l’Office, dont le premier vice-président, n’est autre que le sénateur LR de la Meuse, Gérard Longuet.
Le rapport commence par rappeler que le jeune et très polyvalent plastique est victime de son succès, troisième matériau le plus fabriqué au monde après le ciment et l’acier. Il décline ensuite sur un ton grave les conséquences connues ou supposées, visibles et invisibles, sur l’homme et l’environnement, des polymères. Y sont notamment inclus, les microplastiques issus de l’érosion des pneumatiques ou du lavage des fibres textiles.
Il dénonce enfin des politiques de réduction trop focalisées sur le recyclage et trop timides, avec des interdictions qui « entraînent des substitutions par d’autres matériaux qui peuvent s’avérer contre-productives, voire dangereuses pour l’environnement et la santé humaine », un manque de cadre national malgré un foisonnement d’initiatives locales et l’absence totale de stratégie face à la question des microplastiques.
Face à ces enjeux, de l’interdiction des lâchers de ballons à la création d’un Giec sur la pollution plastique, en passant par un taux de réincorporation obligatoire (et mentionné sur étiquette) par résine et par produit ou le retour de la consigne verre pour les boissons , les recommandations abondent.
Celles-ci semblent malheureusement remettre en cause le principe même, pour les industriels, d’une transition vers le réemploi ou le recyclage, le jour précis ou le gouvernement communique sur une aide d’urgence de 16 millions d’euros accordée aux recycleurs et régénérateurs de plastiques …
Avec les discussions législatives et réglementaires qui s’enchevêtrent autour de la loi Climat et des décrets de la loi Agec ou le référendum que veut organiser le président de la République pour inscrire la défense du climat dans la Constitution, 2021 annonce encore son lot d’incertitudes pour la plasturgie.
Il devient plus que vital pour les transformateurs qui ne l’auraient pas encore fait, de prendre le sujet de l’économie circulaire au sens large à bras le corps, notamment en profitant des aides du plan de relance et en s’appuyant sur des structures de filières (Polyvia, IPC, Polymeris...) qui n’ont pas attendu ce rapport pour se saisir de cet enjeu crucial.