Pivert change de modèle pour assurer sa pérennité

En sept ans, le marché de la chimie du végétal a fortement évolué. Aux forts besoins d'innovation se sont ajoutés des besoins de développement de procédés, de mise à l'échelle et de fabrication de pré-séries pour tester le marché en attendant d'investir.

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Pivert change de modèle pour assurer sa pérennité

«Lorsque l'ITE Pivert a été créé en 2012, la stimulation de l'innovation autour de la valorisation de la biomasse était un élément clé. Aujourd'hui, le monde a changé. Cette stimulation de l'innovation n'est plus l'unique priorité : répondre à l'enjeu du Time-to-Market et à l'accélération du processus d'innovation associée en évitant à ses partenaires d'investir dans des équipements de taille intermédiaire et leur permettant de valider les potentiels marchés à coûts maîtrisés et réduits constitue désormais un besoin clé sur le marché » résume Matthieu Chatillon, qui a pris les rênes de la SAS Pivert en octobre dernier, en remplacement de Gilles Ravot. C'est ainsi que Pivert est en train de se construire une nouvelle feuille de route, alors que l'établissement, financé au départ sur fonds publics dans le cadre du Programme d'investissement d'avenir (PIA), doit se préparer à l'autonomie financière. La nouvelle feuille de route va ainsi s'écarter du modèle initial qui consistait à générer de la propriété intellectuelle pour vendre ensuite des licences à des industriels, principalement autour de la biomasse oléagineuse. Cette stratégie était portée par le programme de recherche précompétitif Genesys qui consistait à financer un nombre imposant de travaux de doctorants, de post-doctorants ou d'ingénieurs et de chercheurs en CDD dans le cadre d'appels à projets. « Nous allons d'abord mûrir les technologies du programme Genesys et lancer 3 à 4 nouveaux projets par an. Certes, moins nombreux, mais plus ciblés », explique Matthieu Chatillon. Pivert conserve toujours son club d'industriels, composé de Solvay, Total, Avril, Veolia, Limagrain, PCAS et Maguin, qui gardent un droit de premier regard sur les fruits des recherches.

En parallèle du volet Recherche et Innovation, Matthieu Chatillon nous dévoile une stratégie en 3 points. L'institut va tout d'abord se recentrer sur la montée en échelle et le développement de procédés pour accompagner toutes les industries des agroressources et du végétal. À ce titre, Pivert met en avant ses compétences à la fois en biotechnologie et en chimie, grâce à l'existence de deux plateformes qui travaillent en forte synergie et qui en font sa singularité sur le plan national. Ce type d'accompagnement à la transposition industrielle a déjà démarré. Fin 2017, un contrat avec la société Deinove a été conclu portant sur la production industrielle de son premier caroténoïde biosourcé à usage cosmétique. Autre référence avec Surfact'green. Courant 2018, Pivert a fait le scale-up d'un de ses tensio-actifs 100 % renouvelables.

Vers la production de pré-séries

Après le scale-up, Pivert va se consacrer à la production de pré-séries industrielles. À travers cette prestation, « il s'agit d'accélérer la mise sur le marché de produits innovants et de dérisquer les investissements industriels de nos partenaires. Pour cela, nous devrons investir pour disposer de volumes fermentaires et chimiques supérieurs dans les deux à trois années à venir », souligne le dirigeant. Si Pivert dispose déjà de capacités de 600 à 1 600 l en chimie et 2 m3 en biotechnologie, l'objectif est de rapidement disposer de capacités de 3,5 m3 en biotechnologie.

Outre l'intégration entre la chimie et la biotechnologie, la force de Pivert est aussi de pouvoir réaliser les premières opérations de pré-traitement de la biomasse végétale. En fonction des demandes, Pivert pourra aussi faire appel à ses partenaires privilégiés que sont Extractis, Improve, ou encore Iterg.

Enfin, le troisième pilier de la nouvelle stratégie consistera à faire de l'hébergement technologique. Pivert abrite déjà la société Evertree qui fabrique des colles pour panneaux de bois à partir de tourteaux de colza, la société CIMV, spécialiste de la déconstruction de la biomasse, toujours en discussion pour industrialiser son procédé, ou Maguin qui teste la technologie de purification à champ électropulsé.

Avec les 6 000 m2 de surface de son Biogis Center (nom donné aux installations modulaires de Pivert), Pivert ne manque pas d'espace. « Nous visons des sociétés en accélération qui ont besoin de compétences et nous avons à l'étude deux dossiers de sociétés anglaises qui cherchent à s'implanter en Europe continentale. L'une d'entre elles pourrait s'installer dans nos locaux dès 2019 et 2020. Dans les trois années à venir, nous espérons héberger trois sociétés supplémentaires, moyennant quelques aménagements de nos locaux ».

En parallèle, Pivert a commencé à s'intéresser de près au sujet du biocontrôle ou bien encore à la biostimulation. Le chemin est encore long pour assister aux premiers lancements de produits et nécessitera très certainement le soutien d'acteurs privés et publics, mais cette démarche long terme permettra de répondre aux attentes sociétales, de tirer des revenus supplémentaires et de garantir le bon fonctionnement de l'institut qui emploie près de 30 salariés et réalise chaque année de 1 à 2 millions d'euros d'investissements.

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