Pierre-Etienne Franc : "Nous recevons aujourd’hui les premières voitures à hydrogène de série immatriculées en France"
Pour Pierre-Etienne Franc, directeur des technologies avancées chez Air Liquide, les deux Hyundai ix35 FCEV que reçoit aujourd’hui le gazier marquent un virage : le véhicule à hydrogène a dépassé le stade de la démonstration. Place à la production de série et à la commercialisation. Pour cela, les modèles d’affaires et de déploiement de l’infrastructure de distribution d’hydrogène restent à inventer.
L'Usine Nouvelle - En quoi vos deux nouvelles Hyundai à hydrogène constituent-elles une première ?
Pierre-Etienne Franc - C’est à notre connaissance la première fois qu’une carte grise mentionne le couple hydrogène-pile à combustible comme motorisation. Ces deux Hyundai ix35 FCEV sont en tout cas les premières voitures de série à hydrogène à être immatriculées en France. Avec 1000 unités prévues par Hyundai dans un premier temps, cela reste certes de la petite série, mais c’est de la série ! Bien sûr, dans d’autres pays, de tels véhicules circulent déjà.
VOS INDICES
source
Quel sens donnez-vous à cette acquisition ?
Nous voulons montrer que la voiture à hydrogène a dépassé le stade de la démonstration. La technologie est prête. Nous sommes entrés dans une logique de série et de commercialisation. La mise sur le marché des véhicules n’est pas pour dans vingt ans, mais pour aujourd’hui. D’autre part, Air Liquide est très mobilisé pour développer la filière. Pour que les choses avancent, il faut aider les pionniers. Hyundai est pionnier.
D’autres constructeurs ont confirmé vouloir produire des modèles de série pour 2015…
Oui et c’est ce qui est nouveau dans le buzz autour de l’hydrogène : on se rapproche des échéances sans qu’elles reculent ! Toyota et Honda viennent par exemple de montrer au salon de Tokyo les voitures qu’ils comptent produire en série en 2015. Tous les constructeurs sont dans cette logique. Ceux qui sont moins avancés visent 2017. Les prix des véhicules vont baisser avec cette production en série, mais il reste aux constructeurs à inventer les modèles de commercialisation, économiques notamment.
Comment ces futurs véhicules feront-ils le plein d’hydrogène ?
En 5 minutes, à une station d'hydrogène ! Il faut coupler le déploiement d’une infrastructure de distribution d’hydrogène avec la commercialisation des voitures, effectivement. Différentes approches sont en en train d’être mises en place. En Allemagne, c’est un déploiement de masse qui est visé. L’initiative H2 Mobility, dont nous sommes partenaire et qui est proche de la finalisation, vise à installer 100 stations de distribution d’hydrogène dans le pays d’ici à 2018, 400 d’ici à 2023, pour un budget global de 350 millions d’euros.
Que prévoyez-vous pour la France ?
En France, on devrait plutôt commencer par des flottes de véhicules captives, avec une station de distribution associée à une flotte. Dans des logiques de tournée, par exemple, la grande autonomie des véhicules à hydrogène est précieuse. On a beaucoup travaillé avec les Dreal (Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement) et la DGPR (Direction générale de la prévention des risques) sur les questions réglementaires liées aux stations hydrogène. Nous sommes en train de mettre en place une station dans la plateforme logistique Ikea de Saint-Quentin-Fallavier, près de Lyon, pour alimenter une flotte de chariots élévateurs. Ce projet nous a permis de poser les bases d’un cadre national réglementaire. Les choses avancent !
Propos recueillis par Manuel Moragues
1Commentaire
Réagir