Dans son combat contre les pesticides, avec le lancement d’une grande campagne d’information ce mardi, la ministre de l’Environnement ne craint pas de se heurter aux industriels du secteur. Elle entend enfoncer le clou avec les perturbateurs endocriniens.
Ce mardi 14 février, une grande conférence de presse au siège du ministère de l’Environnement était l’occasion pour Ségolène Royal de faire l’éloge, à trois mois de l’élection présidentielle, de son "combat" contre les pesticides. Initiatrice de mesures dès 2015 (voir encadré) avec la loi de Transition énergétique, et, plus récemment, la loi de protection de la Biodiversité, la ministre se félicite que la France ait enregistré en 2015 une baisse de 14% des pesticides utilisés par les collectivités et les jardiniers amateurs. Contre 2,7% de diminution du côté des usages agricoles… gérés par son collègue, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll.
L’inquiétude des entreprises de l’agrochimie
Pour amplifier ces mesures, Ségolène Royal lance fin février une grande campagne d’information et de conseils intitulée "Zéro pesticide, c’est mille fois mieux pour ma santé et pour notre planète". Chez l’UPJ, le syndicat représentant les fabricants de ces produits lorsqu’ils sont dédiés aux jardins et aux espaces publics, l'objectif zéro pesticide auprès des professionnels en 2017 et des particuliers en 2019 inquiète. "Contrairement aux idées reçues, les produits issus de la chimie de synthèse ne présentent pas de risques pour l'homme et l'environnement dès lors qu'ils sont correctement utilisés, insiste le syndicat. C'est la base même du principe de l'autorisation de mise sur le marché délivrée après une évaluation spécifique."
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Ruée sur les produits de biocontrôle
Produits de synthèse, naturels, biocontrôle… Les industriels préconisent la combinaison "des différents types de produits". Les grands de l’agrochimie – Bayer, le nouveau propriétaire de Monsanto en tête – multiplient d’ailleurs les acquisitions d’entreprises du biocontrôle afin de diversifier leur offre. Mais agitent le spectre d’une résurgence de certaines maladies si les pesticides étaient définitivement bannis. "Avec la loi, telle qu'elle est écrite, il va falloir très vite envisager des processus dérogatoires pour les problèmes phytosanitaires où seule la chimie de synthèse est efficace à ce jour, en attendant de trouver les alternatives", estime l’UPJ.
La Commission Européenne envahie par les lobbys, dénonce Ségolène Royal
Avec ses batailles engagées contre le renouvellement de l’autorisation du glyphosate (finalement prolongée par Bruxelles jusqu'en 2018) - une molécule utilisée dans de nombreux produits phares, dont le RoundUp de Monsanto -, ou les néonicotinoïdes – une catégorie d'insecticides suspectés de tuer les abeilles, progressivement bannie à partir de mi 2018 – Ségolène Royal ne s’est pas vraiment fait des amis du côté de l’agrochimie.
"Les résistances ont été très fortes, on l’a vu pendant les débats parlementaires, confie la ministre à l’Usine Nouvelle. Et même vis-à-vis de la Commission Européenne, dont les services ont été manifestement infiltrés par les lobbys industriels : c’est évident lorsque l’on voit le retard pris dans le dossier des perturbateurs endocriniens, que le tribunal de l’Union européenne a dû sanctionner."
Une définition des perturbateurs endocriniens le 28 février
La Commission européenne devrait enfin présenter le 28 février des critères attendus depuis des années pour encadrer ces substances chimiques présentes dans nos produits du quotidien et accusées de liens avec des maladies liées au système hormonal. "Bien que le retard dans l'adoption de ces critères soit regrettable, cela ne signifie pas que les citoyens sont exposés à un risque de perturbation endocrinienne", rassurait pour sa part le syndicat de l’industrie chimique européenne.
Un dossier chaud sur lequel la ministre de l’Environnement entend encore peser, en demande d’inclure les perturbateurs endocriniens "présumés" (et pas seulement "avérés") et la "plausibilité des risques", au nom du "principe de précaution". Dans ce cadre, Ségolène Royal entend d’ailleurs signer cette semaine deux arrêtés : l'un sur l'interdiction du Bisphénol A dans les jouets, et l'autre sur l'obligation de mentionner la présence de nanoparticules dans les produits de consommation. De quoi compliquer encore la vie des entreprises de nombreux secteurs, dont celui du plastique. Ce dernier avait déjà riposté en obtenant une censure partielle de la loi française interdisant depuis 2015 le bisphénol A dans les contenants alimentaires…
Les principales mesures engagées par Ségolène Royal
Gaëlle est rédactrice en chef adjointe du site internet de L'Usine Nouvelle, et cheffe du service web, depuis 2018. Elle avait auparavant suivi les industriels de la pharmacie, des dispositifs médicaux, de la cosmétique et de la chimie, puis ceux de l'agroalimentaire et de l'agrochimie comme cheffe de rubrique pour le magazine et le site depuis 2011. Elle exerçait précédemment pour le magazine économique Option Finance, après avoir effectué des piges pour l’Expansion et travaillé aux Echos, au Monde, à La Croix et à Ouest-France. Elle est titulaire d’un master professionnel de journalisme de l’Institut Français de Presse et diplômée de Sciences-Po Rennes (section économie-finances).
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