Pesticides : les ventes de néonicotinoïdes en hausse de 4 % entre 2013 et 2015
Les ventes de néonicotinoïdes ont augmenté de 4 % entre 2013 et 2015, et ce malgré le moratoire partiel imposé par l'UE pour plusieurs d'entre eux. C'est ce qu'a annoncé l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), se référant aux chiffres du ministère de l'Agriculture, et s'insurgeant de voir que « rien ne change », puisque « les abeilles demeurent largement exposées aux néonicotinoïdes ». L'Unaf rappelle pourtant qu'en décembre 2013, trois molécules ont été partiellement interdites par l'Europe (imidaclopride, thiaméthoxam et clothianidine). Deux autres substances, le thiaclopride et l'acétamipride, ne sont en revanche pas concernées par ce moratoire partiel, qui sera réétudié par l'UE cet été. Soucieuse d'évaluer le degré d'exposition des abeilles françaises, l'Unaf a dévoilé les chiffres des ventes de ces insecticides dits « tueurs d'abeille », et décrit un « triste constat ». Au total, les ventes de néonicotinoïdes sont passées de 380,1 tonnes en 2013 à 395,2 tonnes en 2015. Et si les tonnages de clothianidine et de thiaméthoxame ont chuté de 72 %, tombant de 70,6 tonnes à 19,7 tonnes, les ventes de thiaclopride, massivement utilisé sur les cultures de maïs, ont bondi de 158 %, de 41 tonnes en 2013 à 105,9 tonnes en 2015. Quant aux ventes d'imidaclopride, elles sont restées stables, à 261,2 tonnes en 2015 contre 261,8 tonnes en 2013, et ce malgré le moratoire partiel. « Cela s'explique par le maintien de son autorisation sur les céréales à paille », décrypte l'Unaf, ajoutant que « l'imidaclopride est l'insecticide qui contamine le plus les eaux de surfaces françaises ». L'Unaf estime par ailleurs que les usages interdits par l'UE du thiaméthoxam et de la clothianidine se sont reportés sur le thiaclopride, et ce « bien que l'Europe considère le thiaclopride comme un perturbateur endocrinien au point d'en envisager sa substitution ». Pour l'Unaf, « ces chiffres rappellent avec force qu'une interdiction européenne partielle ne suffit pas : l'environnement des abeilles françaises reste très contaminé par les néonicotinoïdes, avec des impacts considérables sur l'ensemble de la biomasse volante comme sur l'ensemble de l'environnement ». Gilles Lanio, président de l'Unaf, appelle ainsi la France à défendre « avec détermination et fermeté » son interdiction de tous les néonicotinoïdes votée dans la Loi Biodiversité et actuellement discutée avec la Commission européenne.