Patrick Hibon de Frohen : « Chébran » ou « Trendy » ?
La chronique de Patrick Hibon de Frohen.
Il va de soi que nos industries sont largement mondialisées et que la langue usuelle de communication est l'anglais. Néanmoins, je trouve toujours curieux, voire un tantinet snob, à moins que cela ne reflète un complexe d'infériorité, d'angliciser systématiquement des mots qui ont leurs significations en français.
Je me permets quelques exemples pour étayer mon propos. Si les « Anglo-américains » sont à la pointe dans certains domaines, nul ne peut contester qu'ils ne soient pas les chantres de la formation professionnelle. Or qui peut nier le rôle de l'apprentissage en France, hérité du Moyen-Âge ? Qui peut nier la volonté de la reconnaissance des savoirs professionnels, revendiqués au 19e siècle ? S'il y a bien un domaine largement issu des réformes qui se sont succédées du Moyen-âge à nos jours, c'est bien celui des formations-métiers qui conjuguent théories et pratiques et donc l'acquisition de compétences liées à une activité professionnelle donnée. Et la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 a fait évoluer, en France, situation exemplaire en Europe, le concept de Validation des acquis professionnels (VAP) vers celui de la Validation des acquis de l'expérience (VAE). Or l'acquisition de ces compétences passe par ce que nous appelons les « Mises en situation professionnelles » (MESP), puis, pour leurs validations, par les « Évaluations en situations de travail » (EST).
VOS INDICES
source
212 -3.2
Décembre 2022
PVC
Base 100 en décembre 2014
97.3 +0.41
Décembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
178 -1.93
Décembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Alors, pourquoi ce besoin et quel intérêt de dénommer cela le « Learning by Doing » ? Certes, le concept d'apprentissage par la pratique a été redécouvert et utilisé par Kenneth Arrow (prix « Nobel d'économie » en 1972 !) dans sa conception sur la théorie de la croissance endogène expliquant les effets de l'innovation et du changement technique. Robert Lucas Jr. (1988) a adopté, quant à lui, ce concept pour expliquer les rendements croissants intégrés au capital humain. Yang et Borland (1991) ont, eux, montré que l'apprentissage par la pratique joue un rôle dans l'évolution du pays avec une plus grande spécialisation dans la production. Nous voyons bien que cette théorie de l'Apprentissage par la pratique, ou théorie de la main à la pâte, a « évolué » vers un concept de la théorie économique. L'augmentation de la productivité est atteinte par la pratique, et on l'utilise en sciences économiques et sociales. Sciences qui n'existaient pas au Moyen-Age, évidemment. À moins de penser que, comme M. Jourdain, on faisait aussi de « l'économie » sans le savoir ! Mieux, un nouveau mot est apparu récemment : le « blended-learning » : on apprend en « mixant » diverses méthodes pédagogiques, y compris par le « e-learning ». Alors, au risque de ne pas être « trendy », devons-nous assumer nos anglicismes pour nos futures « forcasting » ou prévisions ?
Un anglicisme assumé à défaut d'être « trendy » ?