Paris enclenche les privatisations avec la mise en Bourse de la FDJ

par Leigh Thomas, Gwénaëlle Barzic et Abhinav Ramnarayan
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Paris enclenche les privatisations avec la mise en Bourse de la FDJ
Le gouvernement français a enclenché jeudi la plus importante vague de privatisations depuis plus d'une décennie en lançant le processus d'introduction en Bourse de la Française des Jeux (FDJ), la plus importante cotation de l'année. /Photo prise le 18 octobre 2019/REUTERS/Charles Platiau

PARIS/LONDRES (Reuters) - Le gouvernement français a enclenché jeudi la plus importante vague de privatisations depuis plus d'une décennie en lançant le processus d'introduction en Bourse de la Française des Jeux (FDJ), la plus importante cotation de l'année.

L'exécutif veut utiliser l'argent des privatisations pour alimenter un fonds dédié à l'innovation mais des membres de l'opposition, à droite comme à gauche, critiquent ce qui s'apparente selon eux à une cession des "bijoux de famille".

L'Etat français, aujourd'hui premier actionnaire de la loterie nationale qu'il contrôle à 72%, souhaite ramener sa participation à 20% lorsque les actions commenceront à coter le 21 novembre.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a souligné que l'introduction en Bourse de la FDJ, la plus importante que la place de Paris ait connue depuis des années, suscitait un fort appétit d'investisseurs français comme étrangers.

Selon le prospectus de l'opération, la cession de ses parts pourrait rapporter à l'Etat français jusqu'à 1,7 milliard d'euros, qui ont vocation à abonder un fonds pour l'innovation doté de 10 milliards d'euros et à participer au désendettement du pays.

La forte demande des investisseurs institutionnels français - assureurs, gérants d'actifs et banques privées - devrait permettre à la FDJ de faire fi d'un contexte de marché morose pour les IPO avec plusieurs opérations importantes avortées en Europe.

"Le placement institutionnel semble bien se passer, même très bien. Cela donne un signal très positif", a déclaré une source travaillant sur l'opération.

Si l'IPO est un succès, elle pourrait encourager le gouvernement à mettre à l'ouvrage d'autres cessions d'actifs, dont la privatisation potentiellement lucrative mais politiquement risquée de l'opérateur d'aéroports ADP.

Le gouvernement d'Emmanuel Macron, ancien banquier d'affaires de Rothschild, souhaite céder tout ou partie de ses 50,6% dans ADP, d'une valeur d'environ 8,6 milliards d'euros, mais un référendum visant à bloquer le projet est en cours.

En théorie, le référendum devra réunir au moins 4,7 millions de votes d'ici mars prochain pour que le projet soit arrêté.

CESSIONS D'ACTIFS

La dernière grande vague de privatisations en France remonte aux années 2005-2007 sous la présidence de Jacques Chirac.

Le numéro un de l'Agence des participations de l'Etat (APE) a indiqué que d'autres cessions d'actifs pourraient suivre à la condition de bénéficier d'un actionnariat français stable et que le prix soit attractif.

"Sous ces conditions, il est possible que nous ayons d'autres opérations dites de 'respiration du portefeuille'", a déclaré Martin Vial à des journalistes à l'occasion de la conférence de présentation de l'IPO de la FDJ.

La fourchette de prix a été établie entre 16,50 et 19,90 euros, valorisant cette dernière entre 3,15 et 3,8 milliards d'euros.

Il s'agit de la plus importante introduction en Bourse en France depuis le début de l'année, dépassant celle du spécialiste français de l'emballage en verre Verallia qui a permis de lever 888 millions d'euros en octobre.

Les IPO d'une telle ampleur se sont faites rares ces dernières années et leur succès pourrait doper la place de Paris et susciter un effet d'entraînement.

Le gouvernement a réservé jusqu'à un tiers des cessions de titres aux particuliers, auxquels une décote de 2% sur le prix de l'action sera appliquée. Ils bénéficieront également d'une action gratuite pour 10 actions achetées si celles-ci sont conservées 18 mois.

Le gouvernement veut encourager les épargnants français à diriger une plus grande partie de leurs économies vers le financement des entreprises françaises pour les rendre moins dépendantes de financements internationaux.

(Edité par Sophie Louet)

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