Pacte de compétitivité : la France et l’Allemagne tentent de convaincre
A l’occasion du sommet du Triangle de Weimar le 7 février, les chefs d’Etat allemand et français ont encouragé la Pologne à adhérer au pacte de compétitivité, pour lui permettre une éventuelle entrée dans la zone euro. « Nous souhaitons que Varsovie y participe car la Pologne est un pays de réformes », a commenté Angela Merkel.
La chancelière allemande et Nicolas Sarkozy ont ainsi ciblé les transformations en cours dans le pays, notamment le projet de législation encadrant les déficits. Une proposition contenue dans le projet de pacte franco-allemand. Ce dernier met en effet l’accent sur la définition d’objectifs communs concernant les systèmes de retraite, la politique salariale ou la dette publique.
Les deux chefs d’Etat n’ont pas répondu aux attaques de leurs partenaires émises durant le week end, préférant rappeler la nécessité de réduire les déficits. « Il y a un accord sur le fait qu’il doit y avoir un tel pacte », a assuré la chancelière.
Levée de boucliers
Pourtant, les critiques ont été nombreuses. La Belgique et le Luxembourg ont déjà fait savoir qu’ils refusaient de renoncer à leurs politiques d’indexation automatique des salaires.
« Je ne trouve pas vraiment de raison pour dire qu'abolir l'indexation des salaires permettrait d'améliorer la compétitivité de mon pays ou de la zone euro », a expliqué le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker.
Chaque pays de la zone euro semble critique à l’égard d’un ou plusieurs éléments du pacte. En Autriche, c’est par exemple sur l’âge de la retraite, alors qu’aux Pays-Bas, la contestation porterait plutôt sur l’harmonisation fiscale. L'Irlande et la Slovaquie s'inquiètent de devoir relever l'impôt sur les sociétés, leur principale arme compétitivité.
D’autres pays craignent de voir la Commission européenne marginalisée. Sans compter que « plusieurs Etats se plaignent que le tandem franco-allemand veuille leur imposer des choses », confie une source proche du dossier.
En France, le porte-parole du parti socialiste, Benoit Hamon, évoque la création d’une constitution anti-sociale dans une tribune intitulée « le grand bond en arrière ». « Accepter ce pacte reviendrait à priver les peuples de leur libre-arbitre en matière sociale », assure-t-il.
Du côté des syndicats, même prudence à l’égard du pacte. La Confédération européenne des syndicats, qui regroupe 83 unités syndicales en Europe, parle d’un pacte nuisible aux conventions collectives et créant des inégalités.
Elle affirme « avec force qu'elle ne peut pas tolérer que la compétitivité soit encore utilisée comme un alibi pour intervenir dans les systèmes de négociation collective à travers l'Europe ».
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