OPTIQUEAMERICAN OPTICAL CHERCHE UN REPRENEURLe fabricant de verres de vue American Optical, qui dispose d'une usine en France, est à vendre. L'allemand Rodenstock est sur les rangs. Comme les japonais Hoya et Nikon, qui pourraient ainsi mettre un pied en Europe.
OPTIQUE
AMERICAN OPTICAL CHERCHE UN REPRENEUR
Le fabricant de verres de vue American Optical, qui dispose d'une usine en France, est à vendre. L'allemand Rodenstock est sur les rangs. Comme les japonais Hoya et Nikon, qui pourraient ainsi mettre un pied en Europe.
Depuis la fin du mois d'octobre, Maurice Cunniffe, proriétaire de la totalité du capital d'American Optical (AO) depuis 1982, a décidé de céder ses parts dans le fabricant de verres de lunettes nord-américain. "Ces dernières années, indique Neil Henderson, le P-DG du groupe, notre société a considérablement progressé en termes de productivité et de développement de nouveaux produits. Elle génère aujourd'hui des profits records, ce qui la met dans une position idéale pour bien se positionner sur le marché financier." Mise à prix: 80 millions de dollars.
Les Etats-Unis, premier marché du groupe
Avec un chiffre d'affaires évalué à 100 millions de dollars, dont 65% générés par l'export, et une production annuelle d'environ 12 millions de verres finis et semi-finis, American Optical, qui emploie près de 2000salariés, fait partie des huit premiers mondiaux. Le siège du groupe est implanté à Southbridge, dans le Massachussetts, où il concentre ses activités de vente, de distribution, de marketing et de recherche. La production, en revanche, s'effectue à Tijuana, au Mexique, à Singapour et en France, à Fougères (Ille-et-Vilaine). Avec 35% des ventes, les Etats-Unis sont le premier marché du groupe. Quant aux 65% restants, ils sont exportés principalement au Canada, au Mexique et à Singapour. En France, selon François Bes de Berc, le P-DG de la filiale française, American Optical occupe la deuxième place (10% du marché), loin derrière Essilor et ses 60%. L'unité de Fougères emploie 200 personnes et a réalisé un chiffre d'affaires de 128 millions de francs l'an passé (+12,3%). Bonne affaire? "Notre activité est en croissance continue depuis cinq ans", affirme Neil Henderson. "American Optical ne dispose plus de technologies performantes, ni de parts de marchés significatives", rétorque un industriel du secteur. Etranger au métier, Maurice Cunniffe n'a sans doute pas fait d'AO sa priorité. C'est en achetant la société M&R, spécialisée dans la fabrication de produits abrasifs, de tuyaux en acier et de films en polyéthylène, au groupe Warner-Lambert, en 1982, qu'il trouve le fabricant de verres ophtalmiques dans la corbeille de mariage. Mais si le propriétaire actuel cherche a réaliser une plus-value, la direction d'AO joue le long
terme. "Nous cherchons un nouveau partenaire qui financera notre croissance", espère Neil Henderson. Un projet qui se fera sans Essilor, occupé par son implantation en Chine, officialisée fin octobre. De plus, le groupe français, qui détient près d'un tiers du marché américain, a déjà renforcé sa présence outre-Atlantique en achetant en avril dernier Gentex Optics, leader mondial des verres en polycarbonate, pour 475millions de francs. A l'inverse, l'allemand Rodenstock est à l'affût. "American Optical est intéressant dans le cadre de notre stratégie de croissance externe", reconnaît Harro Lotz, directeur général de Rodenstock France. Le groupe, qui effectue 80% de ses ventes en Europe, réaliserait ainsi une perçée significative aux Etats-Unis. D'autre part, Rodenstock, qui réalise 120millions de francs de chiffre d'affaires en France, compte faire passer ses parts de marché dans l'Hexagone de 6% aujourd'hui à 10% d'ici à trois ans. AO tombe donc à pic. Mais le groupe allemand, en pleine restructuration, aura-t-il les moyens de ses ambitions? Les japonais Hoya ou Nikon, écartés du marché européen par les poids lourds de l'optique, pourraient très bien lui brûler la politesse. Jean-Michel MEYER
USINE NOUVELLE N°2524