Open data : la Banque mondiale lance à son tour un concours de développement
« L'open data vise à fournir à tous un accès non-discriminatoire aux données publiques », souligne Tangui Morlier, co-fondateur de Regards Citoyens, l'un des premiers collectifs à s'être emparé du sujet en France (l'association édite, entre autres, le site Nosdéputés.fr, qui suit l'activité parlementaire). D'après lui, l'Hexagone avance à petits pas sur l'open data, malgré la transposition dans le droit national de la directive européenne de 2003 sur l'accès aux données publiques. Les initiatives les plus avancées viennent toujours du Royaume-Uni et des États-Unis, où le projet Data.gov de l'administration Obama a joué un rôle moteur.
Après avoir, en avril 2010, « libéré » gratuitement quelque 2 000 de ses indicateurs, la Banque mondiale vient quant à elle de lancer un concours visant à encourager les développeurs à se les approprier afin de mettre au point de nouvelles applications répondant à des enjeux de développement. Ce concours, baptisé « Apps for Development », est ouvert à tous les développeurs internationaux, qui sont invités à soumettre leurs découvertes du 7 octobre au 10 janvier 2011 pour essayer de remporter l'un des prix qui seront décernés (45 000 dollars seront répartis entre les gagnants). Seules conditions pour concourir : au moins un « jeu de données » du catalogue d'indicateurs de la Banque mondiale devra être utilisé pour les applications, qui devront impérativement chercher à résoudre l'un des objectifs anti-pauvreté du « Millénaire pour le développement ».
Co-création
« Ce type de concours permet de créer l'événement autour de l'action de la Banque mondiale », estime Tangui Morlier, qui ajoute toutefois que « cela permettra à l'organisation d'identifier des innovations sociales, sociétales et économiques ».
En France, Rennes (l'une des premières villes parties prenantes du mouvement « open data ») a lancé un concours analogue en mars 2010. Baptisé « Rennes Me?tropole en acce?s libre », il a pour objectif de « susciter la cre?ation de services innovants issus de la libe?ration de donne?es publiques », souligne la mairie dans un communiqué. Elle précise que l'exploitation de ces données, qui constituent « un patrimoine immate?riel largement ignore? du grand public », a déjà débouché sur de nouveaux services permettant « de repe?rer les services publics les plus proches sur [un] te?le?phone mobile, de connai?tre en temps re?el l’e?tat de la circulation sur un pe?rime?tre donné,? de connai?tre l’e?tat du trafic et les horaires des transports publics [ou encore] de calculer des itine?raires pour personnes a? mobilite? re?duite ».
« Les entreprises peuvent, elles aussi, capitaliser sur ces données pour innover », relève Tangui Morlier, qui cite pour exemple le projet Freebase Gridworks de « sémantisation » des contenus proposé par Metabase (racheté par Google en juillet 2010). Quid des sociétés qui pourraient être tentées d'exploiter les données publiques pour leur seul usage commercial, sans jouer le jeu du reversement au public ? « Si un tel risque apparaît, il est tout à fait possible d'imposer en retour aux utilisateurs un devoir contributif, comme c'est le cas avec la licence GPL pour l'open source », martèle Tangui Morlier. Le militant s'oppose d'ailleurs à l'utilisation de licences commerciales qui semble, pour la France, être souhaitée par l'APIE (Agence du patrimoine informationnel de l'État) et risquerait de « limiter l'usage de ces données publiques à des fins mercantiles », quitte à « faire le jeu d'une captation des données par les grands groupes », au détriment de « l'intérêt du citoyen ».
Le concours « Apps for Development »
Open data : la Banque mondiale lance à son tour un concours de développement
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