Onze matières premières à surveiller suite au Brexit
La principale conséquence du Brexit acté par les Britanniques lors du vote du 23 juin est un affaiblissement de la livre Sterling et de l’Euro face au dollar. Une conjoncture qui tire les matières à la baisse pour les acheteurs, rebutés par la hausse du billet vert et du yen dans lesquelles elles sont généralement cotées. A quelques exceptions près…
Globalement, les cours des matières premières sont inversement corrélés au cours du billet vert, qui regagne brutalement du terrain contre la livre Sterling et l’euro, victimes des inquiétudes sur les conséquences du Brexit. Car la hausse du dollar renchérit immédiatement le coût des matières pour les acheteurs dans d’autres monnaies.
L’or en hausse
La tendance est donc baissière, sauf pour l’or, soutenu par son rôle de valeur-refuge qui compense son évolution inverse à celle du dollar. Les investisseurs fuyant les marchés actions, se rabattent sur le lingot et ses dérivés pour mettre leur capital à l’abri de ce qui se profils comme le choc le plus important depuis la crise de 2008.
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Le pétrole et les métaux industriels en baisse, le gaz chahuté
Le pétrole, dont les tendances long-terme dépendent d’abord de l’équilibre entre offre et demande, subit néanmoins des turbulences liées à la variation des changes. Les acheteurs physiques auront tendance à abaisser leurs offres, tandis que les investisseurs financiers arbitreront en faveur de l’or.
Le gaz est coté à travers des contrats long-terme (les futures) sur différents hubs gaziers correspondant à différents marchés régionaux, à l’image du Henry Hub américain. En Europe, le contrat de référence historique est le National Balancing Point britannique, coté en livres, suivi par le Title Transfer Facility aux Pays-Bas et par le Zeebruge en Belgique. Dans un premier temps, le NBP devrait être soutenu par la baisse de la monnaie britannique, une tendance que devraient suivre les autres contrats européens. Mais à plus long terme, certains analystes prédisent une accélération du transfert des échanges des pays membres de l’Union européenne sur le hub néerlandais, le TTF.
Les métaux industriels sont, à l’image du pétrole, très corrélés à l’évolution du cours du dollar. Car bien que cotés à Londres sur le London Metal Exchange, ils le sont dans la monnaie américaine. L’aluminium, le cuivre, le zinc, le plomb, le nickel et l’étain sont donc tous orientés à la baisse, mais avec un gain non-significatif pour les acheteurs européens puisque l’euro est lui aussi en baisse. Le cuivre est le métal de base le plus exposé aux variations du dollar, mais sa volatilité récente laisse à penser qu’une partie de l’orage est peut-être déjà passée pour le métal rouge. Aux premières heures des échanges post-Brexit, les volumes échangés et la baisse des cours au LME restent bien plus contenus que sur les marchés de devises. La forte dépendance à la demande asiatique explique partiellement cette réaction mesurée des marchés.
Cacao divergent et caoutchouc en berne
Le cacao, coté dans des volumes équivalents à Londres en livres et à New York en dollars, devrait lui aussi être chahuté, prenant des directions inverses et provoquant des arbitrages entre les deux métropoles. En dehors de toute perturbation, Londres tend à attirer les négociants physiques et New-York les investisseurs financiers, ce qui rend la place américaine plus volatile. Mais la chute brutale de la livre en cours devrait attirer l’attention de tous les acheteurs, renchérissant le cours londonien pour ceux qui n’auront pas réagi assez vite. D’autant que les possesseurs de contrats ne vont pas être très séduits par la perspective de les échanger contre une devise qui vient de retrouver ses planchers du milieu des années 1980. Le spread – la différence entre le cours londonien et le cours new-yorkais – devrait donc se creuser encore.
Quant au caoutchouc, coté sur le Tocom japonais en yen, ses prix sont sous pression de la hausse relative de la monnaie japonaise, considérée en Asie comme une valeur-refuge au même titre que le franc suisse en Europe.
Aversion au risque
Citi rappelle également que les matières ont tendance à sous-performer en période de risque accru, et que cette aversion au risque devrait participer à une baisse de la demande. La crise grecque, par exemple, avait participé à faire tomber le cours du pétrole de pratiquement 30%.
Myrtille Delamarche
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