« On ne peut pas innover tout seul dans son coin », Cyril Allouche, Atos
Chaque semaine, Industrie & Technologies prend les chemins de traverse et donne la parole à des personnalités qui ont l'innovation dans la peau. En 12 questions, ces personnes du monde de l'industrie tirent le portrait de cette discipline. Aujourd'hui, découvrez le point de vue de Cyril Allouche, directeur de la recherche et de l’innovation d’Atos big data & security.
Quand on vous dit innovation, spontanément vous répondez ?
Croissance. Dans nos économies toujours plus compétitives, il ne peut y avoir de croissance sans innovation. La prospérité des pays est fortement corrélée au nombre de brevets dont ils déposent. Tout comme celles des entreprises. L'Histoire nous fournit d'innombrables exemples des apports économiques et sociétaux des innovations techniques, de la sériculture de la Chine antique à l'électronique des temps modernes en passant par le chemin de fer.
Votre dernière rencontre avec l’innovation c’était quand et où ?
Cette année, au laboratoire de quantronique du CEA qui travaille sur les « puces » quantiques.
Quelle innovation avez-vous dans votre poche ?
Un simple couteau suisse Victorinox… qui fut en sous temps une réelle innovation technique, grâce à son système à ressorts breveté.
Votre innovation préférée ?
L'ordinateur d'aujourd'hui, de Turing et von Neuman, et celui de demain, qui exploitera, d'une manière ou d'une autre, le traitement de l'information quantique.
Et celle que vous détestez ?
Les réseaux sociaux, pour les dérives qu'ils n'ont pas fini de générer. Je ne sais pas si on peut parler d'une innovation (très) mal maîtrisée ou d'une innovation néfaste.
Si vous deviez remettre le prix Nobel de l’innovation, quelle personnalité récompenseriez-vous ?
Elon Musk. De tous les projets qu'il a menés au succès depuis la feuille blanche, SpaceX suffirait au Nobel.
Et s’il était attribué à une entreprise, laquelle choisiriez-vous ?
Amazon. Ré-inventeur du e-commerce, inventeur du cloud, innovateur en logistique, etc.
La qualité qu’il faut cultiver pour innover ?
L'opiniâtreté.
Quel défaut faut-il éviter ?
L'autisme. Des sociétés qui étaient réellement innovantes ont couru à leur perte en négligeant d'écouter leurs utilisateurs et d'observer leurs concurrents. Aujourd'hui plus que jamais, on ne peut pas innover tout seul dans son coin.
Citez un livre qui vous a inspiré en matière d’innovation ?
De la Terre à la Lune, de Jules Verne, que j'ai lu quand j'avais 10 ans. Imaginez un peu, écrire en 1865, une telle aventure, agrémentée de force en détails et (pseudo) procédés techniques !
En matière d’innovation, vous êtes plutôt…
… Start-up ou grand groupe ?
Grand groupe : même si elles n'y naissent pas toujours, elles y finissent toujours.
Technologie ou service ?
Technologie.
Continue ou disruptive ?
Disruptive.
Enfin, de quelle innovation rêvez-vous (pas seulement la nuit) ?
Je rêve de supercalculateurs surpuissants, sans doute quantiques, car le calcul haute performance (HPC, high performance computing) est aujourd'hui un des principaux moteurs d'innovation pour l'industrie pharmaceutique, les nouveaux matériaux, les moteurs propres, etc.