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Oeuvre : Pierre Tournois, un maître de l'acoustique et de l'optique
Oeuvre : Pierre Tournois, un maître de l'acoustique et de l'optique
Pour cet ingénieur, l'accomplissement ne peut passer que par la satisfaction que lui procure le travail. Et il revendique la chance d'avoir bénéficié d'une liberté, inimaginable aujourd'hui. Flash back : « A mes débuts, nous pouvions choisir nous-mêmes nos thèmes de recherche et mener nos travaux comme bon nous semblait. C'était bien accepté. Plus maintenant », raconte-t-il, heureux d'avoir toujours pu agir en électron libre.
Cet état d'esprit, il se l'approprie dès son entrée au Laboratoire central de Thomson-Corbeville. Son directeur de recherche lui donne carte blanche. Il choisit alors de travailler sur l'acoustique sous-marine, un thème inexploré au labo. Sa curiosité le pousse à s'intéresser au travail de ses collègues sur les lasers impulsionnels.
Son parcours
- 56 ans
- Ingénieur de l'Ecole supérieure d'optique de Paris
- 1959, il entre chez Thomson- CSF comme chercheur au Laboratoire central, puis prend la direction scientifique et technique des activités sous-marines (1964)
- 1999, il quitte Thomson-CSF pour créer Fastlite, une société spécialisée dans les instruments pour lasers à impulsions ultracourtes
A côté de ses propres recherche, il aide à raccourcir les impulsions en développant le GTI (Gires Tournois Interferometer), premier appareil au monde à comprimer les pulses laser. Cette invention ne sera découverte par sa hiérarchie que lors d'une conférence internationale sur les lasers, et ce, de la bouche d'un conférencier américain. Liberté de ton aussi. Aux comités de direction, dont il a fait partie, il ne mâche pas ses mots, allant jusqu'à critiquer les positions dominantes, sans que cette attitude ne lui porte préjudice. C'est qu'il se sent intouchable.
Des Innovations en série...
Ses travaux sur l'acoustique ont eu des répercussions bien au-delà de la détection sous-marine : dans les radars, les lasers impulsionnels, les réseaux mobiles, le téléphone portable et plus récemment les communications optiques. Et en définitive ils ont bien servi Thomson-CSF (aujourd'hui Thales). De toute sa carrière, Pierre Tournois retient sa première expérience en tant que chercheur comme la période la plus créative.
C'est le point de départ d'une série d'innovations dont le fil conducteur réside dans les ondes de surface, cette capacité qu'a la matière à disperser la propagation d'un signal généré par une impulsion. En l'appliquant à la compression des pulses dans les radars, il réduit le système à un petit composant, au lieu d'une « usine à gaz » de la taille d'une grande pièce. Etendue aux télécoms, cette technique est adaptée aussi au filtrage des signaux dans nos téléphones portables d'aujourd'hui.
... qui font le tour du monde
Plus récemment, une expérience acousto-optique menée en 1999 avec des confrères à Vienne, en Autriche, lui sert de révélation. Elle montre qu'on peut formater l'amplitude et la fréquence en fonction du temps à l'intérieur même d'impulsions laser ultracourtes. Le résultat fait le tour du monde.
Du coup, Fastlite décide d'industrialiser cette technologie et sort de l'anonymat. Pierre Tournois, déjà à l'origine de quelques dizaines de brevets, cumule dès lors les récompenses, dont le prestigieux prix américain David Sarnoff, qu'il est le second Français à obtenir après Gérard Mourou, professeur à l'université du Michigan. L'instrument de laboratoire Dazzler, développé au sein de cette start-up, est la suite logique de cette aventure.
Utilisé en physique, en chimie ou en biologie, il permet d'avancer dans la compréhension des transitions qui se déroulent dans la matière à l'échelle de la femtoseconde (femtoseconde : 10-15 seconde). Il s'est déjà vendu à plus de 150 exemplaires, y compris auprès des labos américains les plus fermés. Le Phazzler, qui vient de sortir, le complète pour la mesure des impulsions. Son avenir s'annonce tout aussi prometteur.
Ridha Loukil
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