[Nucléaire] "Nicolas Hulot est le porte-voix des renoncements", déclare Yannick Jadot, député européen EELV
Au lendemain des annonces de Nicolas Hulot sur le report des engagements dictés par la Loi de transition énergétique sur le nucléaire, le député européen d’EELV, Yannick Jadot, dénonce le statu quo poursuivi par le gouvernement Philippe dans les colonnes de l’Usine Nouvelle.
L’Usine Nouvelle - N’était-ce pas une évidence que l’objectif des 50 % de nucléaire dans le mix énergétique français ne serait pas atteint en 2025 après les retards pris pour fermer Fessenheim ?
Yannick Jadot - Si on organise le statu quo nucléaire, rien ne changera jamais. C’était déjà la même chose avec les gouvernements précédents. On nous promet maintenant de fermer Fessenheim en 2022. Et en 2022, on aura un autre gouvernement… Avec ces annonces, les filières ENR sont catastrophées.
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Est-il réellement possible de fermer une vingtaine de réacteurs en huit ans, quand rien n’a a été engagé, notamment par le précédent gouvernement ?
Concrètement, on peut fermer les réacteurs en huit ans. Un tiers des réacteurs ne tournent pas sur injonction de l’ASN [Autorité de sûreté nucléaire] ou parce qu’ils sont en maintenance permanente. Et il n’y avait pas d’urgence à annoncer un tel recul. La PPE [Programmation pluriannuelle de l’énergie, Ndlr] ne sera révisée que dans un an. Quand on remet en cause 2025, que retenir des annonces faites par le Ministre à l’horizon 2040.
Vous êtes déçu par les premiers mois du Ministre de la Transition écologique et solidaire ?
Les Etats-Généraux de l’agriculture, les perturbateurs endocriniens, le CETA et maintenant le nucléaire. Nicolas Hulot devait être le Ministre qui fixe le gouvernement vers plus d’écologie, qui engage une transition énergétique qui créée plus d’emplois et plus propres. Il est en fait le porte-voix des renoncements.
"Le sommet du 12 décembre. Une opération de communication"
La France était leader de la lutte contre le réchauffement climatique lors de la COP21 en décembre 2015. A-t-elle toujours un rôle moteur dans la transition énergétique ?
Depuis le nouveau paquet climat-énergie européen, la France a essayé d’enrayer le développement des énergies renouvelables. Pour cela, elle a fait alliance avec le Royaume-Uni et surtout la Pologne, grand consommateur de charbon. Bien sûr que la France est en retard. Si Nicolas Hulot ne met pas le paquet sur les ENR et la baisse de la consommation de l’énergie, on ne progressera pas. Et quand je vois les scénarios de RTE qui remettent en cause la Loi de transition énergétique et les objectifs sur le nucléaire, je rappelle que François Brottes [Président du directoire de RTE] a participé à la rédaction de la loi.
Un sommet sur le climat - voulu par le Président de la République Emmanuel Macron - va se tenir à Paris le 12 décembre prochain. Qu’en attendez-vous ?
Il existe un gouffre entre l’objectif de l’Accord de Paris et les engagements des Etats qui nous mènent à +3 ou +4°C. La France est dans le ventre mou de l’Europe. Je crains une opération de communication, un grand show, des grands discours et au final … les Etats ne font pas grand-chose.
Propos recueillis par Olivier Cognasse
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