Si le surgénérateur reprend du service, ce sera seulement à 50% de sa puissance et pour acquérir des connaissances sur les réacteurs à neutrons rapides.
Trois ans de doute vont prendre fin. "J'estime que, du point de vue de la sûreté, le redémarrage de Superphénix peut être autorisé", affirme André-Claude Lacoste, responsable de la Direction de la sûreté des installations nucléaires (DSIN), dans le rapport qu'il vient de remettre aux ministres de l'Industrie et de l'Environnement. Le sort du surgénérateur Superphénix de Creys-Malville, dans l'Isère, appartient désormais au Premier ministre. Sa décision pourrait intervenir d'ici à l'été. Couplé au réseau électrique en janvier 1986, Superphénix est à l'arrêt depuis juillet 1990. Autant dire que l'avis favorable de l'autorité de sûreté était très attendu de l'exploitant, la Nersa, détenue à 51% par EdF, à 33% par l'italien Enel et à 16% par l'allemand SBK. Car l'immobilisation est coûteuse. Aux 28 milliards d'investissements de départ s'ajoutent chaque année 700 millions de francs que la Nersa doit dépenser pour maintenir Creys-Malville en état de marche. Sans oublier le combustible chargé dans les deux réacteurs, dont la valeur est de 2milliards de francs. Mais la décision de la DSIN est suspendue à l'achèvement des travaux de sécurité contre les feux de sodium occasionnés par des fuites et qui avaient conduit à l'arrêt du réacteur. Les travaux (300millions de francs) seront terminés en avril. L'autorité de sûreté impose aussi une montée en puissance limitée du réacteur, au mieux à 50% de sa capacité, au cours des premiers mois de sa remise en route.
UN OUTIL DE DÉMONSTRATION
De plus, dans l'éventualité d'un redémarrage, la DSIN balise les conditions d'exploitation. "Superphénix, le premier réacteur à neutrons rapides de taille industrielle dans le monde, doit rester un prototype." Le but? "Acquérir des connaissances en vue de préparer une éventuelle future génération améliorée de réacteurs à neutrons rapides. La production ne doit pas être un objectif premier." De quoi refroidir la Nersa. "La seule raison de s'inquiéter serait de ne pas produire du kilowattheure", expliquait l'exploitant en décembre. Le gouvernement tiendra-t-il compte de cette contrainte? Enfin, l'utilisation de Superphénix en tant que sous-générateur - le réacteur consomme plus de plutonium qu'il n'en produit - et incinérateur d'actinides mineurs (neptunium, curium, américium, etc.) est reportée. Seul le troisième coeur, isogénérateur (capable d'être sur- et sous-générateur) pourra remplir cette tâche. Mais pas avant 1998. Et là aussi Superphénix doit rester "un outil de démonstration et de tests". Les Italiens et les Allemands, qui attendent avec impatience l'électricité de Creys-Malville, sauront-ils attendre la future génération de Superphénix?
Jean-Michel Meyer
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