Noyer juge inutile un refinancement exceptionnel des banques
PARIS (Reuters) - Une nouvelle opération de refinancement à long terme des banques (LTRO) n'est pas nécessaire car la liquidité reste abondante dans la zone euro, déclare Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne.
Dans un entretien publié jeudi sur le site internet du quotidien Le Monde, il précise cependant que la BCE est très attentive et pourrait agir en cas de tensions.
Le gouverneur de la Banque de France estime par ailleurs qu'il ne faut pas craindre une spirale déflationniste, la reprise économique devant permettre à l'inflation d'accélérer.
"Beaucoup d'observateurs s'interrogent sur la pertinence d'un nouveau LTRO", déclare Christian Noyer. "Nous ne le jugeons pas nécessaire, car il y a encore une liquidité très abondante dans la zone euro."
"Mais nous sommes très vigilants", poursuit-il. "Si nous constations des tensions sur la liquidité qui pourraient compromettre la reprise, la BCE n'hésiterait pas à prendre toutes les mesures qui conviendraient, en utilisant les outils adéquats. Et le LTRO est loin d'être le seul instrument dont nous disposons pour agir sur le marché monétaire."
La BCE a injecté plus de 1.000 milliards d'euros de liquidités dans le secteur bancaire fin 2011 et début 2012 dans le cadre d'opérations de LTRO.
LES ÉCONOMISTES S'ATTENDENT A UN LTRO
Quarante-deux des 56 économistes interrogés par Reuters la semaine dernière avaient dit s'attendre à un troisième LTRO au cours des prochains mois; 16 le prévoyaient d'ici la fin décembre, 15 début 2014 et quelques autres pour le premier semestre de l'an prochain. (Voir )
Interrogé sur le risque de déflation, l'inflation étant tombée à 1,1% en septembre alors que la BCE a un objectif légèrement inférieur à 2%, Christian Noyer répond: "Non."
"Maintenant que la reprise pointe à l'horizon, la dynamique devrait repartir et le scénario d'une déflation me semble improbable. D'ailleurs, notre prévision d'inflation à moyen terme n'a pas changé", ajoute-t-il.
A l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE mercredi, son président Mario Draghi a déclaré que l'institut d'émission surveillait étroitement les marchés monétaires et se tenait prête à utiliser si nécessaire tous les instruments à sa disposition.
La BCE a comme prévu décidé un statu quo sur ses taux directeurs, le taux de refinancement restant à 0,5%, son plus bas niveau historique.
Une majorité d'économistes interrogés par Reuters avait anticipé que ce taux n'évoluerait pas jusqu'en avril 2015 au moins.
Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse