Nouvelles mesures d'assouplissement attendues de la BCE
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\ 17h08
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FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) devrait encore franchir jeudi une nouvelle étape dans l'assouplissement de sa politique monétaire alors que les diverses mesures prises jusqu'à présent, hors des sentiers battus de l'orthodoxie, n'ont pas suffi à ramener de l'inflation dans la zone euro.
Pire, la déflation menace, malgré un taux de dépôt déjà négatif et un programme de rachats d'actifs censé atteindre environ 1.500 milliards d'euros.
Pour les économistes et les investisseurs, la cause est entendue : la BCE prendra de nouvelles mesures jeudi à l'issue de son conseil des gouverneurs.
Son président Mario Draghi semble avoir préparé les esprits à ce scénario depuis plusieurs semaines, dans un contexte de ralentissement économique de la Chine et de morosité globale de l'activité à travers le monde.
"Le conseil des gouverneurs dispose de toute une panoplie d'instruments pour réagir, si nécessaire, et il n'y a aucune limite au déploiement de ces instruments dans le cadre de notre mandat pour atteindre notre objectif d'une inflation inférieure à mais proche de 2% à moyen terme", a écrit Mario Draghi dans une lettre à un député européen datée du 1er mars, en insistant sur l'"augmentation des risques baissiers sur les prévisions antérieures" de croissance et d'inflation.
Si une action paraît certaine, le diable réside dans les détails.
D'après une enquête de Reuters menée la semaine dernière auprès d'économistes, une nouvelle réduction, d'au moins dix points de base, du taux de dépôt, actuellement fixé à -0,30%, paraît acquise après celle de décembre.
SCEPTICISME CROISSANT
La BCE pourrait aussi amplifier ses achats de titres sur les marchés dans le cadre de sa politique d'assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE), lancée il y a exactement un an et déjà prolongée en décembre dernier jusqu'en mars 2017.
L'augmentation du montant des achats mensuels pourrait atteindre dix milliards d'euros, ce qui le porterait à 70 milliards. Certains économistes pensent même que la BCE pourrait frapper plus fort ou élargir la gamme des actifs qu'elle est susceptible de racheter pour y inclure des obligations d'entreprise.
L'institut de Francfort pourrait aussi choisir d'ignorer les règles qu'il s'est lui-même fixé consistant à ne pas acheter d'actifs dont le rendement est inférieur au taux de dépôt.
Toutes ces mesures suscitent néanmoins un scepticisme croissant, d'autant que, malgré les initiatives déjà prises, l'inflation dans la zone euro est devenue négative en février.
Morgan Stanley doute notamment de leur complémentarité.
"Il y a des inquiétudes parmi les investisseurs quant au fait que le taux de dépôt négatif puisse saper l'efficacité de l'assouplissement quantitatif de la BCE", écrit l'établissement financier dans une note à ses clients. "C'est parce qu'il crée de fait une taxe sur les réserves excédentaires des banques, c'est-à-dire de fait une taxe sur le QE lui-même."
(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Patrick Vignal)